Mieux soigné, le cancer continue cependant de croître avec le vieillissement de la population. De nombreux paramètres doivent être pris en compte pour vaincre définitivement ces pathologies.

Plus que jamais, la lutte contre le cancer reste au cœur des priorités de santé publique. La recherche progresse, les nouvelles solutions thérapeutiques se multiplient, les stratégies de prise en charge se personnalisent en fonction des profils, les pronostics s’améliorent pour une part croissante des patients. Cependant, quelques données montrent que la bataille finale est loin d’être gagnée. D’abord, le champ de la prévention reste à renforcer : en dépit des campagnes d’information, les comportements potentiellement « cancérigènes » persistent (tabac, alcool, nutrition, sédentarité…), avec un gradient social qui est toujours préoccupant. Les causes environnementales du cancer (pollution, expositions à risque…) demeurent difficiles à spécifier et à documenter. Clé pour une prise en charge optimale du patient, le dépistage précoce est encore à parfaire. Et certains dispositifs emblématiques, comme le dépistage du cancer du sein, plafonnent depuis vingt ans, tandis que d’autres (dépistage du cancer colorectal) peinent à démarrer.

Côté traitements, si l’innovation thérapeutique est remarquable avec l’arrivée de thérapies ultra-ciblées et de plus en plus combinées, une nouvelle difficulté se fait jour : l’équité territoriale, dans un contexte de tensions de l’offre de soins. Le développement des prises en charge à domicile devrait aider à améliorer la situation. Mais cela suppose d’investir dans des dispositifs de suivi à distance et de ressources humaines formées, par exemple des infirmières de pratique avancée. Autre défi : la prise en compte de l’« expérience patient » devient un élément décisif dans l’évaluation des stratégies thérapeutiques. Il faut entendre les patients et recueillir et interpréter les données qu’ils produisent pour améliorer en continu les modalités de prise en charge. Plus tôt, plus vite, au bon moment et pour le bon patient. L’objectif reste capital, et peut aujourd’hui s’appuyer sur de nouveaux outils numériques. L’irruption de l’IA offre des possibilités illimitées pour accélérer la mise au point des innovations, améliorer le ciblage des patients éligibles, évaluer les solutions thérapeutiques en vie réelle et suivre le parcours de vie des patients au long cours. Encore faut-il, là encore, créer un écosystème favorable pour son intégration dans les pratiques médicales.

Jean-Christophe Lachaume


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er Juin 2024.

Photo : © Illustration 3D de leucocytes attaquant une cellule cancéreuse. © Sébastian Kaulitzki – stock.adobe.com / DR