Cancer : mieux lutter contre la dénutrition

Guillaume Ulmann, Responsable médical Oncologie et Christelle David-Basei, Responsable des Affaires médicales Nutrition Adultes chez Nutricia

La dénutrition des personnes atteintes de cancer doit être traitée à temps, comme le soulignent deux représentants de Nutricia, une entreprise spécialisée dans la nutrition médicale du groupe Danone.

Pour les patients atteints de cancer, deux menaces planent sur leur état de santé : la prolifération des cellules cancéreuses, bien sûr, mais également le risque de dénutrition. « On estime que 40  % d’entre eux souffrent de dénutrition, indique Guillaume Ulmann, Responsable médical Oncologie chez Nutricia. Cette prévalence varie selon la localisation du cancer, par exemple pour le pancréas (67  %), le rein ou la vessie (50  %), ou encore les cancers bronchiques (45  %).  »
Plusieurs facteurs compliquent la capacité du patient à s’alimenter, comme des difficultés mécaniques à ingérer le bol alimentaire, la production insuffisante d’enzymes pour la digestion, ou encore une inflammation systémique ou des désordres métaboliques qui augmentent les besoins énergétiques de l’organisme. « Malheureusement, le diagnostic de dénutrition, généralement posé avec la perte de poids, intervient le plus souvent tardivement, alors que le patient est déjà sous traitement, déplore Christelle David-Basei, Responsable des Affaires médicales Nutrition Adultes chez Nutricia. Il est donc essentiel que la lutte contre la dénutrition soit intégrée au plus tôt dans le parcours de soins. »
Un avis partagé aujourd’hui par les instances scientifiques. « Les études montrent que la dénutrition peut augmenter les effets indésirables des traitements, générer des complications post-chirurgicales plus nombreuses, diminuer la qualité de vie des patients, mais également accroître la mortalité prématurée », observe Guillaume Ulmann. « Il faut mieux former et sensibiliser les soignants, car la prise en charge de la dénutrition devrait intervenir dès les premiers signes de perte de poids, en amont des consultations et surtout des décisions de traitement d’oncologie », complète Christelle David-Basei.
La surveillance du poids, mais également l’évaluation des ingestas constituent la première étape pour la pose du diagnostic. « Il faut ensuite procéder de façon graduée, en recommandant d’abord l’enrichissement du régime alimentaire en produits denses en calories, avant d’envisager la nutrition médicale par voie orale, puis l’alimentation par voie entérale ou parentérale si nécessaire  », précise Guillaume Ulmann. Les gammes de produits de nutrition sont conçues pour faciliter l’adhésion du patient, en variant les goûts, les textures et les modes de préparation. «  Ces préparations contribuent à favoriser la renutrition, avec des effets bénéfiques complémentaires des traitements, ajoute Christelle David-Basei. Les professionnels doivent mieux connaître ces bénéfices pour prescrire ces produits au bon patient au bon moment. »

Pierre Mongis


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 31 mai 2025.

Photos : © Danone Nutricia / DR