Cancers solides : la piste prometteuse du vaccin

Ose Immunotherapeutics développe un vaccin ciblé contre les cancers du poumon, du pancréas et de l’ovaire. Explications avec le Pr Benjamin Besse, de l’Institut Gustave Roussy, qui participe aux travaux cliniques sur ce produit.

Et si la voie du vaccin thérapeutique contre le cancer offrait de nouveaux espoirs pour les patients ? Explorée depuis longtemps, cette piste semble enfin produire des résultats prometteurs. C’est le cas, par exemple, d’un candidat-vaccin développé par Ose Immunotherapeutics, une société de biotechnologie implantée à Nantes. « Le principe du vaccin thérapeutique consiste à injecter des fragments de protéines exprimées par le tissu tumoral au patient, afin d’aider le système immunitaire à les reconnaître et à les éliminer s’ils sont présents dans l’organisme », explique le Pr Benjamin Besse, oncologue spécialisé dans les cancers bronchiques à l’Institut Gustave-Roussy. Le produit développé par Ose Immunotherapeutics a pour particularité de cibler cinq antigènes associés à la tumeur. « Cette approche plurielle est intéressante pour mieux couvrir le spectre des tumeurs, qu’on sait assez hétérogène », ajoute le Pr Besse, qui a été l’investigateur d’Atalante, un essai de phase III testant le vaccin en troisième ligne contre le cancer du poumon non à petites cellules.

D’autres essais sont en cours, à partir des résultats encourageants obtenus grâce à Atalante. Le programme Artemia est un essai pivot de phase III, qui vise à tester le vaccin en monothérapie en deuxième ligne de traitement du cancer du poumon non à petites cellules métastatique chez des patients en résistance secondaire aux inhibiteurs de points de contrôle. «Avec Atalante, nous avons pu comprendre la population d’intérêt potentiellement éligible à ce vaccin, indique le Pr Besse. Seuls les patients HLA-A2 positifs, qui est un type de système immunitaire présent dans la moitié de la population française, y répondent positivement.» Par rapport à la chimiothérapie, l’approche vaccinale présente l’avantage de générer moins d’effets secondaires. « C’est un atout potentiellement précieux, notamment dans la perspective de combinaisons du vaccin avec d’autres thérapies, dans le but de limiter la potentialisation des toxicités », estime le Pr Besse. Outre le cancer du poumon non à petites cellules, l’intérêt du vaccin développé par l’entreprise est exploré dans le cancer du pancréas et le cancer de l’ovaire. Des essais sont en cours et des présentations seront proposées à la communauté scientifique durant l’Asco. « Les premiers retours sont encourageants, notamment dans le pancréas, qui reste l’un des cancers les plus difficiles à traiter », note le Professeur.

Pierre Mongis


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 31 mai 2025.

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