« Ouvrir le champ des possibilités thérapeutiques »

Dr William Jacot, département d’Oncologie médicale, Institut régional du cancer de Montpellier (ICM) – Val-d’Aurelle.

“De l’approche globale du cancer, les médecins ont analysé ensuite les cancers en fonction de l’organe touché, puis l’avancée des moyens de caractérisation biologique des cancers a permis d’identifier certains sous-groupes de patients, encore affinés ensuite avec l’identification des caractéristiques moléculaires des tumeurs à l’intérieur de chaque sous-groupe. A chaque fois, ces avancées ont permis de mieux comprendre la maladie et la mise au point de nouveaux traitements. »

« Dans le cas du cancer du sein par exemple, l’hormonothérapie mise en place depuis près de quarante ans est la première grande innovation. ,. Ensuite, dans les années 1990, l’identification de la surexpression du récepteur HER2 à la surface des cellules de certaines tumeurs a marqué le début des thérapies ciblées, avec des médicaments dirigés spécifiquement sur cette anomalie. Aujourd’hui, des essais cliniques ont démontré l’efficacité d’un traitement qui combine la spécificité de ce médicament ciblé avec la toxicité d’une molécule de chimiothérapie greffée sur celui-ci. Cette stratégie de recherche pourrait être une piste d’avenir, notamment pour les cancers du sein triples négatifs. . L’immunothérapie pourrait également être une réponse complémentaire aux traitements existants, modalité à plus large spectre, puisqu’il s’agit alors de re-sensibiliser le système immunitaire du patient afin qu’il reconnaisse et détruise les cellules cancéreuses. Ces nouvelles approches sont un espoir pour apporter des solutions satisfaisantes à chaque sous-groupe de patients. »

« Les cliniciens innovent également en France dans les essais cliniques avec, par exemple, l’essai Safir 02, coordonné par le Pr Fabrice André de l’Institut Gustave-Roussy. Cet essai évalue l’impact de la recherche systématique d’un grand nombre d’anomalies moléculaires afin de permettre un traitement individualisé en fonction des anomalies identifiées. Ainsi, pour la première fois, une seule étude clinique va permettre de proposer aux patientes la molécule jugée comme potentiellement la plus efficace parmi une dizaine de molécules candidates. Il s’agirait à l’avenir d’optimiser l’organisation entre laboratoires pharmaceutiques et groupes coopérateurs hospitaliers afin de pouvoir dupliquer cet exemple, et sortir du concept : une anomalie moléculaire, une molécule thérapeutique, un essai clinique. »

Propos recueillis par Anne Pezet