Les mécanismes biologiques de la transformation d’une cellule cancéreuse, ainsi que les paramètres prédictifs de l’efficacité des traitements, progressent rapidement grâce à la génomique et à l’immunologie. Les immunothérapies anticancéreuses sont actives pour de nombreux de cancers, avec des gains en survie parfois très importants et des longs survivants. Cependant, seule une fraction de patients répond à ces traitements.
En première ou deuxième ligne métastatique, l’immunothérapie remplace la chimiothérapie cytotoxique dans certains cancers (poumon, mélanome, rein, vessie, ORL, maladies de Hodgkin réfractaires, carcinomes à cellules de Merkel…). Dans les cancers MSI, caractérisés par une charge importante de mutations, l’immunothérapie donne des résultats spectaculaires en phase métastatique : sont concernés des cancers digestifs, de l’endomètre, de l’ovaire. En situation adjuvante, ces immunothérapies réduisent le risque de rechute métastatique et de décès, notamment dans le mélanome et le cancer du poumon. D’autres immunothérapies émergent actuellement en clinique : les anticorps bi-spécifiques, les thérapies cellulaires CAR T. Simultanément, les thérapeutiques ciblées nouvelles se développent, sur de nouvelles cibles ou sur extension d’indications. Elles concernent un petit nombre des patients, d’où la difficulté de construire des études cliniques comparatives. En situation adjuvante, ces traitements améliorent la survie dans certaines indications.
Avec ces multiples nouveaux médicaments, le chapitre des combinaisons de différents traitements (chimiothérapies, radiothérapies, immunothérapies, thérapies ciblées) s’ouvre pour élargir le champ thérapeutique. Leur développement va cependant nécessiter une évolution ou une révolution dans les critères d’évaluation de l’utilité des traitements par les autorités de santé et les organismes payeurs, car les essais portent désormais sur des nombres de plus en plus limités de patients avec des cancers similaires sur le plan biologique. Cette fragmentation constitue la révolution majeure de la médecine de précision du cancer.
Pr Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Bérard