Recherche translationnelle, réveiller l’immunité

A l’Institut Gustave-Roussy, des programmes associant chercheurs et médecins sont conduits pour mettre au point des traitements de plus en plus personnalisés.

C’est l’un des défis majeurs pour les prochaines révolutions thérapeutiques en oncologie : la recherche se doit de sortir des laboratoires et des éprouvettes, pour se mesurer à « la vie réelle » des tumeurs cancéreuses. Les spécialistes parlent alors du concept de « recherche translationnelle ».

Située entre la recherche fondamentale et la recherche clinique (qui vise à évaluer l’efficacité et la tolérance de traitements sur des malades), la recherche translationnelle consiste à assurer un lien permanent entre ces deux disciplines, avec un objectif  : mêler les expériences et les résultats pour améliorer la connaissance des cancers et mettre au point le plus tôt possible des thérapies efficaces. « Cette approche est décisive pour les progrès en oncologie, témoigne le Pr Fabrice André, Directeur scientifique de l’Institut Gustave-Roussy. Elle dépend de la capacité à monter des programmes intégrant chercheurs et médecins cliniciens, associant des technologies innovantes, dans le but de créer des applications diagnostiques et thérapeutiques adaptées pour chaque patient. »

Nous avons pour ambition de mettre au point de nouvelles immunothérapies, mais également de concevoir des biomarqueurs prédictifs de réponse et de toxicité et de diminuer ainsi les résistances aux traitements…

Dix programmes médico-scientifiques

Classé récemment parmi les six meilleurs centres de traitement du cancer au monde, l’IGR occupe une place particulière dans le paysage de la recherche en oncologie. « Nous nous sommes structurés pour exploiter de façon optimale le potentiel de cette fertilisation croisée entre savoirs et compétences, précise Fabrice André. Cela se traduit par dix programmes médico-scientifiques, dans des domaines comme les dépistages et diagnostics précoces, la qualité de vie pendant et après les traitements, la mise au point d’immunothérapies personnalisées pour chaque patient, ou encore la compréhension des mécanismes de résistance aux traitements. » En immunothérapie, où les recherches menées par l’IGR ont permis la découverte de l’un des trois traitements actuellement sur le marché, deux champs d’investigation sont particulièrement prometteurs. Le premier porte sur l’étude du micro-environnement des tumeurs, avec l’objectif de mieux utiliser l’immunité innée des patients grâce à des molécules permettant de « réveiller » le système immunitaire. Le second vise à étudier l’impact du microbiote des patients sur l’immunité antitumorale. « Nous avons pour ambition de mettre au point de nouvelles immunothérapies, mais également de concevoir des biomarqueurs prédictifs de réponse et de toxicité et de diminuer ainsi les résistances aux traitements  », conclut le Pr Fabrice André.

Stéphane Corenc


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 10 septembre 2022.

Photo : DR