Cancer : Revoir la grammaire de la prévention

Pr Daniel Nizri, Président de la Ligue contre le cancer

Avec trois Plans Cancer menés en vingt ans, des efforts financiers sans précédent et des progrès continus et souvent spectaculaires en matière d’innovation, la France n’a pas à rougir de son combat contre le cancer. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir avant d’en finir avec ce fléau de santé publique.

La crise sanitaire l’a montré : notre pays est peu armé dans la prévention des risques liés au cancer.

La suspension des programmes de dépistage durant les phases de confinement ainsi que les difficultés à les relancer vont notamment se traduire par une surmortalité dans les années à venir.

La suspension des programmes de dépistage durant les phases de confinement ainsi que les difficultés à les relancer vont notamment se traduire par une surmortalité dans les années à venir, comme n’a cessé de le rappeler la Ligue contre le cancer. Au-delà, c’est un travail de fond qu’il faut initier pour inciter les populations à adhérer aux messages de prévention, améliorer le déploiement des stratégies de dépistage et surtout parvenir à convaincre les publics les plus éloignés du soin d’y adhérer. A titre personnel, en tant que Président du comité de la Ligue contre le cancer de Seine-Saint-Denis, je dois déplorer chaque jour une dramatique réalité : le département le plus pauvre de France est aussi le plus défavorisé en termes de prévention santé.

Tous ensemble, nous devons lutter contre les inégalités sociales, géographiques et culturelles qui disqualifient une partie des Français en matière de santé. Il faut réinventer le vocabulaire et la grammaire de la prévention, s’appuyer sur les relais de proximité pour la porter au plus près des personnes les plus fragiles, élargir les opportunités de l’éducation à la santé. A la Ligue contre le cancer, nous avons par exemple signé une convention avec l’Education nationale, afin que les représentants de nos 103 comités départementaux puissent se rendre dans les écoles pour parler santé dès l’école primaire. A défaut d’unir nos efforts, nous courrons un risque inacceptable : faire du cancer une «  maladie de pauvres ».

Stéphane Corenc


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 10 septembre 2022.

Photos : © Ligue contre le cancer / DR