Tenir une efficacité durable pour les patients. Ce nouveau paradigme a révolutionné le traitement des cancers.
« Pendant cinquante ans, la recherche était focalisée sur la destruction des cellules cancéreuses par des molécules. Pour la première fois, nous parvenons à cibler désormais le système immunitaire du patient, pour qu’il s’attaque aux tumeurs. L’activité de ces nouvelles immunothérapies a ainsi été montrée dans trente cancers différents aussi divers que les mélanomes, des lymphomes, des carcinomes…. Avec des monothérapies d’anticorps anti PD-1 et anti PD-L1, certains patients développent des réponses objectives, avec des fontes tumorales, durables dans le temps.
La caractéristique commune à tous les cancers n’en reste pas moins qu’un patient, s’il répond au traitement, le fera de façon durable. Certains malades au pronostic très sombre, sont toujours en vie cinq années après l’administration du traitement.
« Toutefois, il existe une variabilité de la sensibilité à une monothérapie par anti-PD-1 ou par anti-PLD-1 selon les cancers. La caractéristique commune à tous les cancers n’en reste pas moins qu’un patient, s’il répond au traitement, le fera de façon durable. Certains malades au pronostic très sombre, sont toujours en vie cinq années après l’administration du traitement. Reste encore à obtenir un recul suffisant pour déterminer si la guérison est possible dans certains cas. Cette démonstration d’une preuve de concept n’en est encore qu’à ses débuts, sur la base des résultats avec cette première génération de médicaments », prévoit le Dr Aurélien Marabelle, Directeur clinique du programme d’immunothérapie de Gustave Roussy à Villejuif (photo).
Un taux de réponse accru par les combinaisons
Aujourd’hui, de nombreuses combinaisons thérapeutiques sont testées avec des nouvelles immunothérapies, pour faire jouer les synergies entre-elles. Le taux de réponse et le bénéfice des patients s’en trouvera accru par des combinaisons adaptées. Ces anti PD-1 et anti PD-L1 sont donc combinés soit avec de la chimiothérapie ou de la radiothérapie ou encore des thérapies ciblées, soit avec de nouvelles immunothérapies. L’objectif vise à lever les résistances à l’immunothérapie pour obtenir une efficacité durable pour plus de patients.
Soigner davantage de cancers
Certes, les immunothérapies seules ont montré leur efficacité dans une trentaine de cancers. Dans les cancers résistants, ces immunothérapies peuvent marcher lorsqu’elles sont utilisées dans des combinaisons adaptées, dans le cadre d’études cliniques. « Toutefois, en France, le décalage entre les Autorisations de mises sur le marché (limitées en France aux cancers du mélanome, poumon, rein, et aux ATU (Autorisations temporaires d’utilisation) pour les cancers de la vessie et le carcinome des cellules de Merkel) n’offre pas la possibilité de prescrire ces médicaments en dehors de ces indications. « Même si une AMM est obtenue aux Etats-Unis, faute d’autorisation en Europe, les médecins ne peuvent pas prescrire le médicament aux patients concernés. C’est la réalité du terrain. L’enjeu c’est de pouvoir traiter les patients dans le cadre d’essais cliniques », ajoute le médecin. La recherche et les essais cliniques donnent accès aux patients, aux traitements et aux nouvelles combinaisons thérapeutiques. « Cependant, les autorités réglementaires suivent un process de validation plus lent que l’innovation thérapeutique. Pour permettre l’accès aux traitements pour les patients, la solution résiderait dans une plus grande réactivité des autorités réglementaires pour permettre l’inclusion des patients français. C’est important pour la recherche française, l’accès aux traitements des patients, et l’activité des hôpitaux », souligne le Dr Aurélien Marabelle.
D’autant que les immunothérapies révolutionnent la prise en charge des patients et leur qualité de vie, du fait de leur moindre toxicité comparativement aux chimiothérapies (nausées, vomissement, aplasies, transfusions, perte de cheveux,…). Et ceci, même si des toxicités nouvelles, de type auto-immune, peuvent toucher 10 % des patients. Ces toxicités, qui peuvent être sévères, relèvent d’une prise en charge par le spécialiste de l’organe touché. D’où un enjeu de formation des médecins, des professionnels de santé et des patients. CC