Arythmies, morts subites de l’adulte… La création de l’IHU LIRYC à Bordeaux a permis de rassembler experts et matériel de pointe pour mieux comprendre et prévenir ces pathologies causées par une dysfonction électrique du cœur. Le Pr Michel Haissaguerre, directeur de l’institut, en explique les enjeux.
Quelles sont les pathologies liées à une dysfonction électrique du cœur ?
En France, 50 000 adultes par an décèdent de mort subite par arrêt cardiaque, soit près de la moitié de la mortalité des maladies cardiaques. C’est autant que les décès cumulés des cancers du sein, des poumons, et du colon. Ces morts prématurés ne sont en rien une fatalité naturelle mais sont causées par un véritable « orage » électrique dans les ventricules foudroyant l’individu la nuit ou le jour. L’insuffisance cardiaque, quant à elle, peut aussi étre due à une activation incoordonnée du cœur, qui affaiblit le muscle peu à peu. On peut ajouter enfin les arythmies, dont la fibrillation des oreillettes, à l’origine de 20% des embolies cérébrales (les AVC sont la 3ème cause de mortalité dans le monde). Toutes ces pathologies sont largement sous estimées par les institutions.
Pour cette raison, elles seront au cœur des recherches de l’IHU LIRYC ?
Oui, tout à fait. Nous avons choisi de nous concentrer sur l’activation électrique du coeur et ses troubles. Le LIRYC – L’Institut de Rythmologie et modélisation Cardiaque – sera ainsi un des principaux centres de recherche mondiaux sur ce théme. En 2015, le nouveau bâtiment de 6000 m² ouvrira ses portes, le centre rassemblera 150 chercheurs, dont la moitié vient de pays étrangers. Ces experts pourront de plus s’appuyer sur des technologies de pointe. Ce projet est soutenu par les établissements de recherche publique et des partenaires industriels de premier plan.
De quelles techniques parlez-vous ?
Le LYRIC est équipé par exemple d’une IRM 9,4 teslas, qui permet d’observer un cœur avec une résolution de 25 microns. Autre exemple, nous avons un appareil unique au monde qui réalise une électro-cartographie grâce à une veste comportant 252 électrodes portée sur le patient. Couplé à un scanner qui examine l’anatomie du thorax, ce système permet de reconstituer une vue 3D dynamique des signaux électriques du cœur. La reconstitution de l’activité électrique atteint une précision extrême, comme si nous étions à l’intérieur même de l’organe. Cet outil pourrait permettre notamment de détecter les failles électriques exposant un sujet au risque de mort subite.
Anne Pezet pour CommEdition