Diabète : viser l’équilibre durable

Directrice médicale de Novo Nordisk France, Isabelle Lonjon-Domanec rappelle l’intérêt des technologies connectées pour équilibrer le diabète.

La prise en charge du diabète a beaucoup évolué ces dernières années. Qu’est-ce qui a principalement changé ?

En effet, les progrès technologiques et thérapeutiques réalisés depuis plus d’une décennie ont modifié en profondeur l’approche de la maladie. Si l’équilibre glycémique reste, bien sûr, un standard majeur pour éviter la progression du diabète et la survenue des complications, un nouveau concept vient le compléter : le Time in Range, ou « temps dans la cible ». Grâce aux mesures en continu de la glycémie, l’objectif est de limiter les variations quotidiennes du taux de sucre dans le sang, conduisant à des situations d’hyperglycémie ou d’hypoglycémie, qui altèrent la santé du patient en l’exposant à des complications microvasculaires et macrovasculaires. Plus le patient parvient à se stabiliser dans la journée, moins il est susceptible de développer des comorbidités liées à ces atteintes des parois des vaisseaux sanguins. Il faut rappeler l’importance de ces complications qui peuvent toucher de nombreux organes. Le cœur d’abord, avec des risques majorés d’infarctus du myocarde, d’AVC ou d’insuffisance cardiaque. L’insuffisance rénale est une complication du diabète non équilibré, de même que la rétinopathie diabétique qui peut conduire à la cécité, ou encore l’artériopathie des membres inférieurs, nécessitant malheureusement parfois l’amputation du pied.

Comment votre entreprise s’investit-elle dans ce champ d’innovation ?

Leader historique, depuis cent ans, dans la conception et la fabrication d’insuline, Novo Nordisk est également très engagé dans le développement d’outils technologiques au service du Time in Range. En connectant les données de glucose et d’insuline, les personnes vivant avec un diabète peuvent mieux appréhender leur maladie. Lorsque le patient autorise le partage de ses données avec ses professionnels de santé, cela contribue à la personnalisation du traitement, en fonction des objectifs d’équilibre glycémique. L’enjeu est également de soulager la charge mentale liée à la gestion quotidienne de la maladie. D’autres perspectives de progrès sont à l’étude, visant notamment à simplifier les modalités d’administration.

Outre l’insuline, vous développez d’autres solutions thérapeutiques en diabétologie. En quoi vont-elles permettre de franchir un nouveau cap dans la gestion de la maladie ?

L’un des axes majeurs de la stratégie de lutte globale contre le diabète est de prévenir ses comorbidités. Ainsi, en plus de l’équilibre glycémique, les données de vie réelle, comme celles des études cliniques, doivent démontrer une protection des organes, en d’autres termes prévenir ou retarder la survenue des complications liées au diabète. Face à la complexité de cette maladie chronique, il faut continuer à investir dans la recherche pour explorer le potentiel de nouvelles approches thérapeutiques et technologies innovantes, sans perdre de vue la qualité de vie du patient. Le diabète exige une attention de tous les instants, d’où l’enjeu d’optimiser les échanges avec les nombreux professionnels de santé qui interviennent dans le parcours de soins de la personne vivant avec le diabète et de renforcer l’adhésion aux solutions qui lui sont proposées.

Est-ce le sens des rachats et des partenariats que vous avez annoncés ces derniers mois ?

Tout à fait. Nous développons en permanence notre expertise, en allant notamment chercher l’innovation là où elle se dessine. Nous avons récemment racheté Biocorp, une société française à la pointe des systèmes innovants de délivrance de médicaments. Nous avons récemment annoncé l’acquisition de la société canadienne Inversago Pharma, qui s’intéresse au diabète, à l’obésité ainsi qu’aux complications associées à ces maladies métaboliques. Notre partenariat avec une autre entreprise canadienne, Aspect Biosystems, consiste à combiner notre savoir-faire en matière de thérapie cellulaire à leur technologie de bio-impression, en premier lieu dans le diabète de type  1.

Nous pourrions également évoquer une acquisition en cours afin de prendre le relais d’un développement mené par la société indonésienne KPB Biosciences, d’autant que l’hypertension artérielle et les atteintes cardio-vasculaires et rénales floutent les frontières entre diabétologie, cardiologie et néphrologie. Ces initiatives témoignent de notre vision : lutter contre le diabète ne se limite pas à viser l’équilibre glycémique. C’est également proposer de nouvelles approches pour éviter et retarder au maximum les complications liées à cette pathologie. Cette ambition nous conduit à accélérer et démultiplier nos efforts en matière de recherche et développement, et c’est le sens du renforcement de nos activités à Boston. Il est essentiel d’y être, pour bénéficier du formidable terreau d’expertises croisées permis par ce biocluster unique au monde. Pour autant, la R&D n’est pas le seul champ dans lequel l’innovation est primordiale et nous investissons massivement dans l’expansion et la modernisation de nos capacités de production, notamment sur notre site de Chartres, fleuron industriel de notre groupe.

Antoine Combier


Information communiquée par Novo Nordisk. FR23NNG00147 – Novembre 2023

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2023.

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