L’hématologie connaît de nombreux progrès, soulevant les questions de l’accès aux soins et du suivi des patients. Eclairage du Pr Alain Delmer, hématologue au CHU de Reims.
L’actualité médicale met le plus souvent en lumière les pathologies relevant de l’onco-hématologie comme les lymphomes, les leucémies aiguës ou chroniques, etc. Mais l’hématologie recouvre un champ bien plus vaste, comportant les maladies des globules rouges, les maladies hémorragiques constitutionnelles, les pathologies prédisposant aux thromboses ou encore des maladies immuno-hématologiques plus rares, prises en charge par la filière de soins MaRIH. Chacun de ces domaines a ses experts identifiés.
L’arrivée de récentes innovations de rupture
Les CAR T cells et la thérapie génique des maladies constitutionnelles des globules rouges sont de véritables révolutions qui ont marqué récemment l’hématologie. Aujourd’hui, les CAR T cells sont indiquées dans le lymphome à grandes cellules réfractaires et la leucémie aiguë lymphoblastique de l’enfant ou des adultes jeunes. Une autorisation temporaire d’utilisation est en cours dans le lymphome à cellules du manteau. Si les CAR T représentent beaucoup d’espoir, il est nécessaire de mieux préciser leur positionnement dans les stratégies thérapeutiques. En parallèle, de nombreux traitements ciblés administrés par voie orale arrivent dans d’autres domaines de l’onco-hématologie.
Des traitements novateurs nécessitant un suivi Les innovations de pointe comme la thérapie génique ou les thérapies cellulaires CAR T requièrent des structures spécifiques et un maillage territorial suffisant. Dans le domaine des CAR T, nous sommes passés à plus d’une vingtaine de structures autorisées en dix-huit mois. De leur côté, les anti-cancéreux oraux impliquent des prises de médicaments à domicile et nécessitent un suivi rapproché, dont l’objectif est de détecter en temps réel les éventuels effets indésirables et d’adapter rapidement le traitement. Des centres comme Toulouse ou Lyon ont été novateurs dans la mise en place de ce type de dispositif reposant sur des appels sortants assurés par des infirmières et infirmiers. Des études ont montré que cela pouvait considérablement influencer la réponse aux traitements, sa durée et même la survie des patients. Ce travail d’accompagnement assuré par des infirmier(e)s « de suivi » est encore insuffisamment déployé faute de financement spécifique, mais il est pourtant indispensable.
Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde