Vers des thérapies de plus en plus précises et «hyper»-ciblées

Moteur de la médecine française et internationale, l’onco-hématologie connaît des innovations majeures. Rencontre avec le Pr Cartron, chef du service onco-hématologie du CHU de Montpellier.

Comment définir les thérapies ciblées ?

Ces médicaments ciblent une protéine impliquée dans la physiopathologie d’une maladie. La précision de ces traitements augmente leur efficacité et diminue théoriquement leurs effets indésirables. Ils sont généralement pris sous forme orale quotidiennement, tant que dure leur efficacité. La première thérapie ciblée en onco-hématologie a été le Glivec.  A son
arrivée il y a plus de quinze ans, il a révolutionné la prise en charge de la leucémie myéloïde chronique (LMC), permettant à 90 % des patients de vivre à long terme avec la maladie.

Les thérapies ciblées administrées par voie orale soulèvent un enjeude communication, d’annonce et d’échanges entre le médecin et son patient.

Quels sont les enjeux soulevés par les thérapies ciblées ?

Ces traitements ont de nombreux avantages mais soulèvent également différentes problématiques : observance, interactions médicamenteuses et suivi des effets indésirables. Ces thérapies étant prises sur le long terme, elles soulèvent également un enjeu de communication, d’annonce et d’échanges entre le médecin et son patient.

Les thérapies ciblées sont- elles amenées à évoluer ?

La leucémie lymphoïde chronique (LLC) connaît de grands changements depuis 2012 avec l’arrivée notamment de l’ibrutinib. Plus récent, le venetoclax, en association à un anti-CD20, a la particularité d’avoir une durée de traitement fixe de deux ans. Si elle peut paraître longue aux patients lors de l’annonce, cette durée fixe est au contraire une feuille de route claire pour le médecin avec la réduction de différentes problématiques : exposition au produit, observance, interactions médicamenteuses et effets indésirables. Aujourd’hui, le venetoclax a une AMM en rechute. Nous sommes dans l’attente des résultats en première ligne.

Quelles seront les prochaines évolutions de la stratégie thérapeutique de la LLC ?

L’ibrutinib va migrer en première ligne, le venetoclax va, quant à lui, arriver en deuxième puis en première ligne dans les deux à trois prochaines années. Si aujourd’hui l’accès au traitement est le principal critère de sélection, à l’avenir le profil des patients et leur sensibilité aux différents effets indésirables (hématologiques et syndrome de lyse tumorale pour le venetoclax  ; cardiologiques pour l’ibrutinib) guideront les choix thérapeutiques. La prochaine révolution majeure va venir des CAR T-cells. Pour la première fois les thérapies géniques sont utilisées depuis quelques mois dans des pathologies non génétiques.

Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial hématologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 28 mars 2019

Photo : ©CHU Montpellier-Gabrielle Voinot / DR