Les options thérapeutiques du cancer du foie

Les traitements du cancer du foie évoluent. Le point sur la prise en charge et la transplantation hépatique avec le Pr Sébastien Dharancy, hépato-gastro-entérologue au CHU de Lille.

Quels sont les principaux facteurs de risque du cancer du foie ?

En France, la consommation d’alcool reste la principale cause de cirrhose et de cancer du foie. Malheureusement, ces cirrhoses alcooliques ont un pronostic plus défavorable. De son côté, l’origine virologique diminue depuis l’arrivée des traitements curatifs de l’hépatite C. Enfin, l’origine métabolique augmente, mais elle est encore difficile à évaluer. Elle est enregistrée dans les données de transplantation hépatique depuis seulement deux ans. Pour permettre l’accès à des traitements curatifs du cancer, le dépistage des patients atteints de cirrhose est capital. Face à une maladie qui évolue silencieusement, le dépistage permet d’identifier à l’imagerie des petits cancers. Des diagnostics à des stades trop avancés ne permettent plus de proposer d’options curatives. C’est souvent le cas lorsque les patients sont symptomatiques et présentent un ictère (teint jaune) ou de la douleur.

« En France, la consommation d’alcool reste la principale cause de cirrhose et de cancer du foie. Malheureusement, ces cirrhoses alcooliques ont un pronostic plus défavorable. »

Pr Sébastien Dharancy

Quelles sont les différentes options thérapeutiques ?

Un tiers des patients peut accéder à un traitement curatif qui repose sur l’ablation percutanée, la chirurgie de résection, la radiofréquence ou la greffe. Un autre tiers de malades bénéficie de traitements non curatifs, qui restent des options intéressantes permettant de limiter l’évolution de la maladie. Parmi ces traitements figurent la chimio-embolisation, plus rarement la radio-embolisation, et les traitements systémiques, dont l’immunothérapie est désormais le standard en première ligne, suivie des inhibiteurs de tyrosine kinase. Enfin, le dernier tiers de patients n’accède qu’à des traitements symptomatiques dont le but est de limiter et de soulager les symptômes.

Quelle est la place de la greffe dans les différentes stratégies thérapeutiques ?

La greffe a un double intérêt en permettant de traiter à la fois le cancer et la cirrhose, avec une survie à cinq ans supérieure à 70 %. Mais peu de patients y ont finalement accès. D’une part, de nombreux critères médicaux doivent être réunis pour y accéder. Si l’âge administratif est de moins en moins une barrière à la transplantation, les réelles contre-indications sont addictologiques comme la consommation excessive d’alcool et la présence d’autres comorbidités. D’autre part, le nombre de greffons est limité. Seul un organe est disponible pour environ 2,4 candidats. Parmi les patients en attente, près de 200 décèdent chaque année faute d’organe. Un foie peut être prélevé sur deux types de donneurs : les patients décédés en état de mort encéphalique et, depuis plus récemment, les patients décédés par arrêt cardio-respiratoire dans le cadre des limitations et des arrêts des traitements. Ces cas pourraient augmenter de 10 à 20  % le pool de donneurs.

Photo : DR

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde