Les maladies hépatiques sont aujourd’hui en grande majorité dues à des facteurs métaboliques derrière lesquels peuvent se cacher des addictions. Le Professeur Victor de Lédinghen, hépatologue responsable des unités d’hépatologie et de transplantation hépatique, et d’addictologie du CHU de Bordeaux, nous en dit plus sur ce lien.
Quelles sont les addictions en cause dans les maladies hépatiques ?
Les addictions sont nombreuses et un certain nombre d’entre elles peuvent avoir un impact au niveau hépatique. Les usagers de drogue sont par exemple exposés aux virus des hépatites B et C, les hyperconsommateurs de denrées sucrées ou de sodas sont de leur côté exposés au risque de maladie graisseuse du foie. Mais une des addictions les plus répandues en France est l’addiction à l’alcool, et l’alcool est la première cause de maladie chronique du foie.
Une réflexion profonde sur l’alcool et sa place dans la société est nécessaire.
Qui est concernée par l’addiction à l’alcool ?
Sans être alcooliques, au moins 6 millions de personnes ont une consommation à risque (plus de 21 verres d’alcool / semaine pour les hommes et plus de 14 verres / semaine pour les femmes) quel que soit le type d’alcool. La consommation occasionnelle mais importante (> 6 verres en une soirée) ou « binge-drinking » représente également un danger pour les très jeunes et les moins jeunes, comme les trentenaires qui ont gardé le rythme des soirées étudiantes. L’alcool tue 49 000 personnes / an directement ou indirectement. Il faut en être conscient. Mieux connaître les addictions peut permettre de prévenir l’apparition de pathologies hépatiques mais cela aura également des bénéfices transversaux sur de nombreuses problématiques de santé publique.
Comment mieux lutter contre l’impact de l’alcool ?
Culturels, économiques et politiques, les freins à l’information sur les méfaits de l’alcool sont nombreux dans un pays où chaque région est productrice de bière, de vin ou de champagne. Une réflexion profonde sur l’alcool et sa place dans la société est nécessaire. Une vraie politique de lutte anti-tabac a été mise en place dans notre pays. Il est temps de s’attaquer à la consommation excessive d’alcool, notamment chez les plus jeunes. Gézabelle Hauray, CommEdition.
1. Guérin S et al. Alcohol-attributable mortality in France. Eur J Public Health. 2013;23:588-93.