En ligne avec la politique de santé publique du gouvernement, les spécialistes du foie préconisent la prévention. Eclairage par le Pr Victor de Lédinghen, hépatologue au CHU de Bordeaux.
Comment faire face aux maladies hépatiques ?
Le risque de maladie du foie est présent pour tous, mais il est ignoré car ces pathologies sont silencieuses. L’orientation du gouvernement vers la prévention concerne directement les maladies du foie qui se manifestent à terme par une fibrose. D’autant plus que nous disposons désormais d’un test de dépistage de la fibrose au rapport coût/efficacité prouvé. Gratuit et simple, le test FIB-4 (Calculateur Score Fibrosis-4) repose sur une prise de sang classique à partir de laquelle un calcul automatique est réalisé, basé sur le taux de plaquettes, l’âge et les enzymes hépatiques (ASAT/ALAT). Une valeur basse indique une absence de risque de fibrose. En revanche, une valeur élevée doit être l’occasion d’en parler avec son médecin et d’établir un bilan hépatique plus poussé.
À quelle échelle le test FIB-4 est-il réalisé ?
Les hépatologues aimeraient que ce test soit systématique à chaque analyse sanguine. L’idéal serait que les laboratoires d’analyse médicale calculent automatiquement le FIB-4 sans prescription. Au CHU de Bordeaux, la réalisation du test FIB-4 est automatique depuis ce mois de septembre. Cette démarche nous a permis de diagnostiquer plusieurs patients avec fibrose sévère, patients qui n’en avaient aucune conscience. La réalisation du FIB-4 est une action de santé publique efficace et à bas coût.
Après le test, quels sont les moyens d’agir contre la fibrose du foie ?
Pour prendre en charge la fibrose hépatique, il faut traiter son origine. Il peut s’agir de l’alcool, d’une hépatite virale ou d’une NASH liée à un syndrome métabolique. Un Français sur deux est en surpoids et donc à risque de fibrose. Le test FIB-4 est également l’occasion d’ouvrir le dialogue entre le médecin et son patient sur le sujet encore très tabou de l’alcool.
Du côté de la NASH, le traitement repose sur un changement des habitudes de vie aussi bien concernant l’alimentation (diminuer le sucre, éviter les sodas, etc.) que l’activité physique (descendre un arrêt plus tôt, garer sa voiture plus loin par exemple). Avec ces simples mesures, les résultats sont là. Après un an de changement d’habitudes, si on perd 10 % de son poids initial, la stéatose disparaît dans 100 % des cas, et la NASH et la fibrose chez plus de 80 % des patients.
Propos recueillis par Gézabelle Hauray
Photo : DR
Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde