L’hépatite C désormais peut être guérie. Malheureusement, trop de malades s’ignorent. Le Pr Christophe Hezode, gastro-entérologue et hépatologue au CHU Henri-Mondor de Créteil, nous explique le rôle capital du dépistage en France.
Quels sont les enjeux de l’hépatite C ?
Des traitements permettent de soigner la maladie. Mais, sur les 110 000 personnes qui pourraient en bénéficier, 75 000 ignorent qu’elles sont malades. Le dépistage est donc le cœur du dispositif d’élimination de la maladie, que nous espérons à l’horizon de 2025. Pour cela, nous souhaitons que 80 % des patients soient informés de leur maladie et traités pour que la mortalité liée à l’hépatite C diminue d’au moins 6 %.
Quelles mesures vont favoriser le dépistage ?
Après la dispensation universelle des traitements, à l’hôpital et en pharmacie de ville, l’objectif est d’aller vers une prescription et un dépistage universels, comme l’indique l’Association française pour l’Etude du foie (AFEF) dans ses recommandations sur la stratégie de dépistage de l’hépatite C. En pratique, il s’agit de proposer à chaque adulte au moins une fois dans sa vie un dépistage des hépatites C et B et du VIH. Les modalités exactes font l’objet d’échanges avec les autorités de santé.
Nous souhaitons que 80 % des patients soient informés de leur maladie et traités pour que la mortalité liée à l’hépatite C diminue d’au moins 6 %.
Quels seront les changements par rapport au dépistage actuel ?
Aujourd’hui, le dépistage concerne une partie des personnes présentant des facteurs de risque de la maladie (transfusion avant les années 1990 ; usage intraveineux de drogue, même une seule fois ; populations vulnérables et carcérales ; migrants, etc.). Un dispositif qui permet une augmentation de 4 % par an du nombre de patients dépistés. L’élimination de la maladie en nécessite 10 %. L’intensification du dépistage chez les personnes à risques et la mise en place du dépistage universel en population générale sont donc indispensables dès maintenant.
Quelles sont les méthodes de dépistage ?
Les moyens sont nombreux, comme la prise de sang ou les Trod réalisés par des structures homologuées. Une expérimentation actuelle vise à utiliser des machines d’analyses biologiques dans des structures de ville accueillant des personnes à risques. Un nouveau parcours en cours d’évaluation.
Gézabelle Hauray
Article extrait du dossier Grand Angle Hépatologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 4 octobre 2018