Health Data Hub : Quand la data révolutionne le progrès médical

Directrice du Health Data Hub, Stéphanie Combes rappelle les enjeux liés à l’interprétation des données produites par le système de santé.

Quelles sont les missions du Health Data Hub ?

Créé en novembre 2019, le Health Data Hub vise à faciliter l’accès aux données de santé. C’est, en quelque sorte, une plateforme de services pour les opérateurs qui mènent des travaux de recherche destinés à améliorer les prises en charge médicales, à mieux connaître les pathologies les plus fréquentes et à faciliter la mise au point de nouvelles solutions de santé. Le Health Data Hub permet notamment d’accéder aux informations du Système national des données de santé (SNDS), cette gigantesque base qui regroupe les données issues des prestations de santé remboursées par l’Assurance-Maladie ou réalisées dans les établissements de soins. L’intérêt, c’est de pouvoir les croiser avec des données d’autre nature, par exemple, celles des cohortes de suivi de patients atteints de pathologies graves, comme le cancer. Grâce à cette analyse croisée, les chercheurs peuvent mieux définir le pourcentage de risque de rechute par catégorie de patients, ou la probabilité d’une ré-hospitalisation après une intervention chirurgicale. La data devient la clé d’une médecine à la fois plus prédictive par rapport au parcours de soins du patient, plus précise pour définir le choix du bon traitement au bon moment et plus personnalisée pour cibler les profils de patients susceptibles d’y répondre favorablement.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples, à travers les projets que vous soutenez ?

L’un des projets les plus avancés est mené avec la start-up Implicity. Elle équipe des patients atteints d’insuffisance cardiaque avec des pacemakers connectés. Les données recueillies sont croisées avec des données issues de l’Assurance-Maladie, dans le but de créer une intelligence artificielle capable de prédire les crises d’insuffisance cardiaque conduisant à une hospitalisation chez ces patients. Autre exemple, nous menons des travaux avec l’Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM) pour mieux identifier les risques d’effets secondaires liés à des co-médications, toutes pathologies confondues. Plus de 55 projets portés par le HDH sont en cours. Il faut préciser que ce travail sur les données s’effectue dans un contexte très sécurisé, qui garantit l’anonymisation aux citoyens, un très haut niveau de protection face aux risques de cyber attaque et la transparence totale des résultats obtenus. C’est essentiel pour construire une culture partagée de la donnée de santé.

Propos recueillis par Stéphane Corenc


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Innovation en santé réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 23 avril 2022.

Photos : © HDH / DR