R & D, production, accès : agir plus vite pour aller plus loin

Pfizer prévoit 19 lancements de médicaments, de vaccins ou de nouvelles indications durant les dix-huit prochains mois. Président de Pfizer France, Reda Guiha explique l’état d’esprit du groupe leader mondial de la santé, organisé pour accélérer l’innovation.

Durant la crise sanitaire, Pfizer a fait la preuve de sa capacité à innover dans des délais record. Quelle vision portez-vous aujourd’hui pour l’avenir de la santé ?

Les malades n’ont pas le temps d’attendre, les solutions doivent s’accélérer. Il faut savoir faire les bons choix, agir vite et en concertation. Pendant la pandémie, notre entreprise a su prendre des risques pour répondre massivement à l’urgence, accélérer la recherche clinique tout en inventant un modèle de production de notre vaccin contre la Covid-19 à très grande échelle. Mais ce succès n’est pas le fruit du hasard. La crise a permis d’éprouver la méthode pensée avant la crise : le « Lightspeed », dont l’ambition est d’accélérer la mise à disposition des médicaments et vaccins, sans jamais compromettre l’efficacité et la sécurité. Pour réduire les délais entre les nombreuses phases de R & Det la mise à disposition du traitement pour les patients, nous avons pris le parti de mener en parallèle les différentes phases cliniques tout en s’appuyant sur les innovations numériques, d’accélérer la production en réduisant la durée du cycle de fabrication et en garantissant une disponibilité du nouveau traitement dès son approbation dans le pays, et de servir plus rapidement les patients en s’assurant que cette innovation soit accessible à ceux qui en ont besoin, au bon moment dans leurs parcours de soins.

Comment cette méthode va-t-elle permettre d’accélérer l’offre des innovations thérapeutiques, et dans quels domaines ?

Pour y arriver, nous devons investir considérablement afin d’améliorer la productivité de notre R & D. En cinq ans, nous avons dépensé 5  milliards de dollars supplémentaires, soit une hausse de 70 % de notre budget affecté à la R & D. Les premiers résultats sont là : nous avons réduit de près de trois ans le temps de développement clinique de nos médicaments et vaccins. Cette méthode cible des priorités thérapeutiques, comme les maladies cardio-vasculaires, les maladies rares, le cancer ou encore les infections et l’antibiorésistance… Le Lightspeed, c’est un état d’esprit, un engagement commun pour faire mieux et plus vite, grâce à une collaboration permanente entre toutes les équipes et une culture élargie du partenariat avec les parties prenantes externes.

La France est-elle une terre d’élection pour traduire concrètement vos ambitions en matière d’innovation en santé ?

La France est un territoire propice à l’innovation, comme en témoignent l’excellence de son tissu de recherche et le dynamisme de ses entreprises de biotechnologie. On en compte 800 aujourd’hui, et 60 se créent chaque année. De même, 4 des 25 instituts de recherche
publique les plus innovants au monde sont français (Inserm, CEA, Inria et CNRS). C’est pour cette raison que Pfizer a décidé d’investir plus d’un demi-milliard d’euros pour soutenir la production et la recherche en France ces prochaines années. Pourtant, il faut déplorer certains freins. Le budget du médicament devrait être calculé à partir des besoins réels des patients, afin d’assurer l’accès à ces traitements et d’accueillir la formidable vague d’innovations à venir. Or, la France est l’un des pays les plus stricts en matière d’évaluation des médicaments. Les délais d’accès au marché sont plus longs qu’ailleurs et des efforts doivent être faits pour simplifier la réglementation, favoriser l’intégration des patients français dans les études cliniques, renforcer l’accès précoce des nouveaux médicaments, encourager les partenariats public/privé, ou encore revoir le financement des médicaments.

Il faut bâtir une vraie politique du médicament, ambitieuse et adaptée. Nous attendons beaucoup de la mission sur la régulation lancée par la Première ministre en janvier dernier.

La question de fond est posée : veut-on faire de la France le pays leader en matière de santé en Europe ? Car c’est maintenant qu’il faut agir.

Antoine Largier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Innovation en santé réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 22 avril 2023.

Photo © Pfizer France/ DR