L’enjeu clé de la télésurveillance

Elle restait anecdotique avant le Covid-19, elle a explosé avec le confinement et l’assouplissement des règles d’usage.

Chez le leader du marché, Doctolib, le nombre de téléconsultations est passé de 100  000 à 4,6 millions en six mois. Et la tendance est similaire chez tous ses concurrents, même si un tassement a été observé durant l’été. « La téléconsultation s’installe dans les habitudes  », observait la Caisse nationale d’Assurance-Maladie, précisant qu’en moyenne « 1 million de téléconsultations sont réalisées chaque mois en moyenne, soit environ 3 % des consultations médicales ». Tout le monde est aujourd’hui d’accord : il n’y aura pas de retour en arrière, d’autant que la Cnam et les syndicats médicaux négocient actuellement un champ d’exercice plus large pour la télémédecine. En cardiologie, la télémédecine apparaît comme un outil clé, notamment pour le suivi à distance des patients atteints de certains troubles. En 2017, l’Assurance-Maladie a ainsi lancé le programme Etapes, une expérimentation qui permet de rembourser des solutions de télésurveillance.

1 500 insuffisants cardiaques, mais également 18  000 porteurs d’une prothèse cardiaque implantable, sont inclus dans ce programme. Trois ans après, les résultats sont prometteurs, et l’expérimentation va se prolonger jusqu’en 2022. Pour les industriels, cette cohorte en « vie réelle  » permet de développer des dispositifs de plus en performants, incluant des logiciels de récupération des données et permettant d’alimenter des algorithmes d’intelligence artificielle. De grands groupes y sont associés, comme Air Liquide Healthcare, Biotronik ou Medtronic, mais également des start-up, comme Implicity. Cette jeune société a conçu une plateforme logicielle capable de regrouper et de trier toutes les données produites par les pacemakers et défibrillateurs implantables. Un exemple qui illustre l’enjeu majeur pour l’e-santé en cardiologie : rien ne sert en effet de produire de la donnée si elle n’est pas structurée pour bien informer le cardiologue sur l’état de santé de son patient.

Stéphane Corenc

Photo © Agenturfotografin/ DR

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde