Décision médicale partagée : Celltrion place le patient au cœur de son engagement

Au-delà des considérations économiques et d’efficacité, l’innovation dans les traitements doit aussi être guidée par la voix du patient. Echanges croisés avec DongKyu Kim, Directeur général, et le Dr Salim Benkhalifa, Directeur médical de Celltrion Healthcare France.

Présentez-nous Celltrion.

DongKyu Kim. Celltrion est un laboratoire fondé en 2002 en Corée du Sud, dont le cœur du métier est le développement, la fabrication et la commercialisation de biothérapies innovantes et biosimilaires. Notre présence est globale, avec notamment une quinzaine de filiales en Europe. En France, le groupe est présent depuis 2019 et connaît une croissance rapide. Nous nous sommes donné comme objectif de mettre au moins un produit bio-similaire sur le marché chaque année jusqu’à l’horizon 2030. En 2024, trois biosimilaires sont en cours d’évaluation par l’Agence européenne du médicament.

Dr Salim Benkhalifa. Un biosimilaire est une copie d’un médicament biologique de référence dont le brevet est tombé dans le domaine public. Contrairement au générique produit par synthèse chimique, un biosimilaire est produit à partir d’un organisme vivant, ce qui est un process beaucoup plus complexe que celui de la production des génériques. Pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché, un biosimilaire doit répondre à des exigences réglementaires très strictes.

Quelle est l’activité de Celltrion dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) ?

D. K. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH), deux maladies qui se caractérisent par une inflammation de la paroi du tube digestif. Depuis le début des années 2000, les biothérapies ont révolutionné la prise en charge des MICI, mais ces traitements coûtent cher. Le fait d’apporter des traitements biosimilaires permet de réduire les coûts des traitements et d’améliorer l’accès aux traitements biologiques. Les économies pourraient ainsi être investies dans l’innovation.

D.   K. Nous sommes le premier laboratoire à avoir développé un biosimilaire d’anticorps monoclonal pour le traitement des MICI. Notre démarche est, au-delà de l’aspect économique, d’innover pour apporter des biosimilaires de haute valeur ajoutée qui améliorent la qualité de vie des patients dans des pathologies chroniques nécessitant un traitement au long cours.

Quelle est la spécificité des produits biosimilaires et en quoi cela change-t-il la donne dans le domaine des MICI ?

Dr S. B. L’utilisation des biosimilaires a contribué à la diminution de la pression des coûts sur les systèmes de soins et a ainsi favorisé l’accès aux biothérapies, ce qui a permis de traiter un plus grand nombre de patients plus tôt. Il a été démontré que cette instauration précoce du traitement, que les Anglo-Saxons appellent l’«  early treatment », peut avoir un impact positif sur l’évolution à long terme des MICI, surtout dans la maladie de Crohn.

Quelle est la place du patient dans la stratégie et les actions de Celltrion ?

Dr S. B. Le patient est au cœur de notre développement. Notre ambition est d’apporter des biosimilaires de qualité avec des dispositifs d’injection qui répondent au mieux aux attentes des patients. Les préoccupations des patients sont au centre de notre réflexion. Nous avons mis en place une étude observationnelle prospective, co-construite avec les associations de patients, afin d’évaluer la satisfaction et l’expérience patients avant et après utilisation d’un de nos biosimilaires. Nous avons inclus plus de 300 patients dans cette étude pour faire un retour sur l’utilisation d’un de nos biosimilaires versus le princeps ou d’autres biosimilaires. La satisfaction des patients était équivalente entre le princeps et notre biosimilaire, mais s’est améliorée lorsqu’ils sont passés d’un biosimilaire de basse concentration à un biosimilaire de haute concentration. Ce qui laisse le choix au patient, informé par son médecin, de ses préférences et de ses besoins, dans une approche de décision médicale partagée.

Sandrine Guinot-Mosetti


Article extrait du dossier Grand Angle spécial MICI Hépato-gastro-entérologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 mars 2024.

Photo : D.   K. © Celltrion Healthcare / DR – Dr S. B. © Celltrion Healthcare France / DR