Prendre en compte les besoins impérieux dans les MICI

La prise en charge des MICI, maladies chroniques et invalidantes, se focalise aujourd’hui sur la qualité de vie du patient. Eclairage du Pr Laurent Peyrin-Biroulet, service de gastro-entérologie du CHU de Nancy.

Avec l’arrivée des biothérapies, il y a vingt-cinq ans, les médecins ont pris en charge les MICI en se concentrant principalement sur la cicatrisation de l’intestin. Malgré cela, aujourd’hui, seulement 1 patient sur 5 a une maladie complètement contrôlée et des progrès sont donc nécessaires. Depuis quelques années, avec l’élargissement de l’arsenal thérapeutique, les objectifs thérapeutiques des médecins rejoignent ceux des patients, tels que le retour à une vie « normale », c’est-à-dire une vie qui n’est pas dirigée par la maladie. Parmi les éléments qui composent le fardeau des MICI, les besoins impérieux occupent très souvent les premières places au palmarès des handicaps générés par la maladie. Selon la littérature médicale, les besoins impérieux sont l’impossibilité de différer de plus de quinze minutes le fait d’aller à la selle. On imagine aisément à quel point ce trouble peut conditionner la vie quotidienne, amoureuse, sociale et professionnelle des patients atteints de MICI, car ils doivent en permanence rechercher les toilettes les plus proches. Le meilleur moyen d’améliorer ce problème est en premier lieu de contrôler l’inflammation de l’intestin. Les essais cliniques en cours et à venir intègrent d’ailleurs aujourd’hui les besoins impérieux comme un critère de jugement de l’efficacité d’un traitement. D’autres solutions peuvent apporter un support, telles que la prise d’antidiarrhéiques, d’antidépresseurs tricycliques ou la modification de l’alimentation. Sur ce dernier point, les médecins sont vigilants, car la modification de l’alimentation par le patient lui-même conduit souvent à des évictions alimentaires provoquant des carences délétères pour sa santé. L’autre volet très important de ces besoins impérieux est le fait d’en parler ! Des études récentes montrent que les besoins impérieux ne sont pas systématiquement abordés lors des consultations médicales, les patients ne parlant pas spontanément de cette problématique, et le médecin devant aller chercher le témoignage du patient. D’une manière plus globale, plus l’impact des MICI sur la vie socio-professionnelle des patients sera abordé, plus la réalité du quotidien avec la maladie sera partagée et comprise.

Parlons MICI

Sandrine Guinot-Moset

Interview à l’initiative de Lilly France et en collaboration avec le Pr Laurent Peyrin-Biroulet.

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 20 mai 2023.

Photo © Lilly France / DR

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