Rhumatisme psoriasique : transformer la vie des patients

Le rhumatisme psoriasique est un rhumatisme inflammatoire chronique qui peut entraîner des lésions articulaires irréversibles s’il n’est pas pris en charge à temps et de façon adaptée. Le laboratoire UCB s’efforce de mieux faire connaître cette pathologie, d’identifier les besoins des patients et de leur garantir l’accès à l’innovation. Rencontre avec Véronique Chauveau, Directrice médicale Immunologie, UCB France.

Qu’est-ce que le rhumatisme psoriasique ?

Le rhumatisme psoriasique est une pathologie inflammatoire chronique dont les symptômes très hétérogènes peuvent affecter la peau et les articulations de diverses façons. Les symptômes musculo-squelettiques peuvent se manifester avant, en même temps ou après l’apparition des symptômes cutanés, ou encore, dans un petit nombre de cas, sans aucun symptôme de psoriasis mais seulement des antécédents familiaux. Cependant, près d’un tiers des personnes atteintes de psoriasis peuvent secondairement développer un rhumatisme psoriasique, en moyenne dans les dix-douze ans. Le rhumatisme psoriasique touche environ 0,1 % de la population générale, avec une incidence de 8,4 cas pour 100 000 personnes par année. Il se manifeste souvent tôt dans la vie, entre 30 et 50 ans, et touche autant les hommes que les femmes.

Quels sont les principaux symptômes et leur impact sur la vie des patients ?

Maladie inflammatoire à médiation immunitaire, le rhumatisme psoriasique se manifeste essentiellement par des articulations gonflées et douloureuses, notamment au niveau des doigts et des orteils. N’importe quelle articulation peut être touchée. Près de la moitié des patients décrivent une douleur inflammatoire de la colonne vertébrale. Le principal symptôme rapporté par les patients est une douleur articulaire qui réveille en deuxième partie de nuit, empêche de dormir, entraîne une raideur au réveil et nécessite un dérouillage matinal. La fatigue est constante. D’autres manifestations extra- articulaires peuvent être observées telles qu’une atteinte des ongles (en dé à coudre), des yeux (uvéite), des troubles de l’appareil digestif (rectocolite hémorragique, maladie de Crohn) …

L’impact et le niveau de gêne ressentis varient d’une personne à l’autre. Les symptômes peuvent survenir soudainement puis disparaître, ou au contraire demeurer actifs.

Comme les atteintes articulaires sont nombreuses, en diverses localisations, provoquant des douleurs et handicapant les mouvements, le rhumatisme psoriasique a un impact important sur la qualité de vie familiale, sociale ou professionnelle (restriction progressive des activités quotidiennes) ainsi que sur le bien-être psychologique et émotionnel. Les symptômes dépressifs sont fréquents. L’évolution est variable d’une personne à l’autre, mais, sans prise en charge adaptée, les déformations articulaires peuvent être irréversibles.

Comment se fait le diagnostic ?

Compte tenu des manifestations complexes et fluctuantes de la maladie, le diagnostic peut parfois être compliqué. Le parcours de soins de chaque patient est unique, avec des symptômes, des degrés de gravité et des réponses au traitement différents. Les patients ne seront généralement suivis par un rhumatologue qu’après avoir consulté des médecins généralistes et/ou des dermatologues qui ne peuvent pas détecter rapidement les symptômes du rhumatisme psoriasique.

Le diagnostic se fait en moyenne dans les deux ans et demi suivant l’apparition des premiers symptômes. Il reste donc un énorme travail à accomplir pour améliorer la sensibilisation et la reconnaissance de toutes les personnes touchées par le rhumatisme psoriasique.

Certains hôpitaux organisent aujourd’hui des consultations pluridisciplinaires (dermatologue / rhumatologue) pour permettre une meilleure prise en charge du rhumatisme psoriasique ainsi que d’autres pathologies mêlant symptômes cutanés et articulaires.

Comment bien évaluer la maladie ?

En raison de la complexité du rhumatisme psoriasique, les chercheurs ont mis au point un critère thérapeutique spécifique qui prend en compte l’activité de la maladie dans plusieurs domaines. Ce critère, l’activité minimale de la maladie ou MDA, est défini par des scores faibles dans plusieurs dimensions du rhumatisme psoriasique : les symptômes articulaires, tendineux et ligamentaires, la gravité du psoriasis, les mesures de la douleur et l’évaluation fonctionnelle.

Il a été démontré que l’atteinte du MDA était fortement associée à une meilleure qualité de vie liée à la santé et à une meilleure productivité, selon les patients. Avec une prise en charge ciblée, cherchant à atteindre un niveau d’activité minimale de la maladie, les patients atteints de rhumatisme psoriasique sont nettement améliorés.

L’ambition d’UCB est de transformer la vie des personnes atteintes de maladies graves. Cet engagement se traduit dans nos activités de recherche et de développement afin de couvrir des besoins encore non satisfaits. Nous travaillons pour faire progresser les connaissances et répondre aux attentes des patients. Dans le rhumatisme psoriasique, nous souhaitons apporter des réponses thérapeutiques innovantes, tout en ayant conscience des besoins des patients et des difficultés du parcours de soins.

Quelles sont les modalités de prise en charge ?

De nombreuses solutions thérapeutiques sont aujourd’hui disponibles.

Les recommandations de prise en charge des malades atteints de rhumatisme psoriasique ont été récemment actualisées par la Société française de Rhumatologie (SFR) afin d’aider les médecins dans leur pratique quotidienne. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie, de contrôler les symptômes et l’inflammation, de prévenir les dommages structuraux, de préserver ou de restaurer les capacités fonctionnelles, l’autonomie et l’insertion socio-professionnelle des patients. Le diagnostic et la prise en charge doivent être le plus précoces possible.

Face à cette pathologie hétérogène, les traitements doivent être adaptés à chaque type de patient, en fonction des signes cliniques, de la présentation phénotypique dominante (axiale, articulaire…) et des manifestations extra-rhumatologiques (psoriasis, maladie inflammatoire de l’intestin, uvéite…). D’énormes progrès ont été accomplis avec, notamment, l’arrivée des biothérapies. Il existe aujourd’hui des traitements adaptés en fonction du degré de sévérité et des localisations du rhumatisme psoriasique. L’arrêt du tabac doit être impératif et l’activité physique doit être encouragée. La kinésithérapie doit être proposée dans les formes sévères. Enfin, on peut aussi agir en complément sur la dimension psychologique.

Quel est l’engagement d’UCB face à cette pathologie ?

L’ambition d’UCB est de transformer la vie des personnes atteintes de maladies graves.

Cet engagement se traduit dans nos activités de recherche et de développement afin de couvrir des besoins encore non satisfaits. Nous avons investi, en 2021, 28 % de notre chiffre d’affaires en recherche et développement.

Nous travaillons pour faire progresser les connaissances et répondre aux attentes des patients. Dans le rhumatisme psoriasique, nous souhaitons apporter des réponses thérapeutiques innovantes, tout en ayant conscience des besoins des patients et des difficultés du parcours de soins. L’approche d’UCB est axée sur la conception de molécules ciblées, mais aussi sur des solutions d’accès innovantes.

Pourriez-vous nous donner quelques exemples de recherche en cours ?

Nous pensons que les partenariats public-privé sont essentiels pour trouver de nouvelles façons d’améliorer les options diagnostiques et thérapeutiques pour les patients.

C’est ainsi qu’UCB investit dans des programmes de collaboration tels que le projet de recherche européen Hippocrates de l’Innovative Medicines Initiative (IMI), issue d’un partenariat public-privé entre l’Union européenne (représentée par la Commission européenne) et l’industrie pharmaceutique européenne (représentée par la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques, Efpia).

L’objectif ambitieux d’Hippocrates est notamment de caractériser les principaux mécanismes physiopathologiques qui contribuent au développement du rhumatisme psoriasique chez les patients atteints de psoriasis et de valider des biomarqueurs qui permettraient un diagnostic précoce ainsi que l’identification des patients les plus à risque de progression des dommages structuraux.

Le laboratoire soutient également différentes cohortes et registres, en particulier actuellement la cohorte Apache, une cohorte française sur le devenir des rhumatismes psoriasiques récents, sous l’égide de la Société française de Rhumatologie. Cette cohorte, dont le recrutement est en cours, concerne les patients nouvellement diagnostiqués (moinsd’un an), qui seront suivis sur dix ans.

Les données recueillies devraient permettre notamment de mettre en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques, de tester des outils d’évaluation et de mieux décrire le fardeau de la maladie.

Quelles autres actions menez-vous pour mieux faire connaître le fardeau de cette maladie ?

UCB s’efforce de soutenir la sensibilisation à la nature de la maladie, en soulignant l’ampleur et la gravité de son impact sur les patients et les systèmes de soins. C’est dans ce sens que nous travaillons avec les associations de patients, les sociétés savantes et les décideurs. Nous développons des programmes de soutien et d’information aux patients, car, malgré la gravité de la maladie, la reconnaissance du rhumatisme psoriasique et de son impact réel au quotidien est faible.

Nous soutenons, par ailleurs, les actions qui encouragent la collaboration entre dermatologues et rhumatologues et les soins intégrés de manière plus générale afin de mieux prendre en charge, et surtout le plus précocement possible, le rhumatisme psoriasique pour prévenir les possibles pertes de chances telles que des lésions articulaires irréversibles. Tel est notre principal objectif pour les patients.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Rhumatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 13 décembre 2022.

Photos © UCB / DR