L’activité du laboratoire Gedeon Richter France est totalement dévolue à la santé des femmes pour leur apporter de nouveaux traitements, mais aussi pour améliorer plus globalement leur qualité de vie dans le contexte sanitaire. Entretien avec Emmanuel Eumont, Président de Gedeon Richter France.
Comment le laboratoire Gedeon Richter s’est-il développé ?
Le groupe a été créé il y a cent vingt ans, à Budapest, par un pharmacien hongrois, Gedeon Richter, qui, dès sa fondation, s’est spécialisé dans le domaine de la santé des femmes. Cet ancrage historique a perduré au fil des ans et la gynécologie représente aujourd’hui près de 40 % du chiffre d’affaires du groupe, implanté dans le monde entier. En France, l’histoire a commencé en 2013 avec la création de la filiale du laboratoire pharmaceutique Gedeon Richter, 100 % consacrée à la santé des femmes avec quatre axes privilégiés : la fertilité, les pathologies utérines (endométriose et fibrome utérin), la contraception et les infections vaginales.
Qu’avez-vous apporté dans le domaine de la fertilité ?
Le sujet de la fertilité est primordial pour Gedeon Richter, constituant les deux tiers de notre activité. Nous avons mis sur le marché en 2015 le premier biosimilaire d’une gonadotrophine, l’hormone de stimulation folliculaire (FSH) utilisée en procréation médicalement assistée (PMA). Il est important de rappeler que les biosimilaires permettent de générer des économies pour le système de santé. C’est un élément essentiel pour nous. Nous voulons apporter des solutions thérapeutiques à des prix cohérents. Depuis sept ans, deux biosimilaires de gonadotrophine sont sur le marché et, d’après une récente enquête d’Iqvia, ils auraient généré 27 millions d’économies, ce qui permet à des milliers de couples d’être traités à budget constant pour la collectivité française. Cela est d’autant plus intéressant que la PMA est en plein essor depuis la loi bioéthique de 2021 élargissant l’accès à la PMA. Tous les ans, 3,7 % des naissances sont issues de la PMA (27 000 enfants par an). Ce pourcentage étant amené à augmenter dans le contexte de baisse de la natalité que nous connaissons actuellement.
Quelles sont vos innovations dans les pathologies utérines ?
Nous avons, en 2020, obtenu le remboursement du premier diénogest (un progestatif) pour le traitement de l’endométriose. Il est ainsi devenu disponible pour toutes les patientes, en France, comme dans presque tous les autres pays européens. En 2020, 500 femmes par mois bénéficiaient de ce traitement, elles sont aujourd’hui 90 000 par mois à être traitées. Nous venons également, fin 2023, d’obtenir une autorisation de mise sur le marché du premier antagoniste de GnRH par voie orale, avec une double indication dans le fibrome utérin et dans l’endométriose. Ce traitement présente l’avantage d’être administré par voie orale, alors que les autres antagonistes se présentent sous forme injectable. Nous apportons ainsi un plus en termes de confort d’utilisation et de qualité de vie pour la patiente. Ce produit doit franchir les étapes d’accès au marché (remboursement et prix) avant d’être accessible aux patientes.
Et en contraception ?
Il y a deux ans, nous avons mis à la disposition des femmes, un nouveau contraceptif oral combiné à base d’estétrol, un estrogène naturellement produit par le foie fœtal humain. Nous offrons une nouvelle alternative thérapeutique qui répond aux promesses des estrogènes naturels, avec moins d’effets secondaires que les estrogènes classiquement utilisés en contraception.
Quelles sont vos relations avec les autres acteurs impliqués dans la santé des femmes ?
Fidèle à notre credo, nous travaillons avec tous les acteurs impliqués dans la santé des femmes : associations de patientes, sociétés savantes, professionnels de santé et les autorités de santé. Pour mieux connaître les besoins des femmes et améliorer leur prise en charge, nous menons également de grandes enquêtes (endométriose, parcours de PMA…) avec les associations de patientes. Nous essayons d’être en phase avec les plans nationaux : Plan national de lutte contre l’endométriose, par exemple. A ce titre, nous collaborons avec les associations de patients et de médecins pour renforcer l’organisation et la structuration du parcours de soins en créant des filières territoriales. Gedeon Richter France est aussi mécène de la Fondation pour la recherche sur l’endométriose (FRE). Nous avons ainsi soutenu de nombreux projets qui ont pu donner naissance à des start-up et créer des emplois.
Quels sont vos espoirs pour le futur ?
En tant que spécialiste du médicament, en œuvrant de concert avec nos partenaires (professionnels de santé et associations de patientes), nous espérons pouvoir mettre prochainement à la disposition des patientes toutes nos solutions thérapeutiques en voie de développement et faire progresser la recherche. Nous souhaitons plus que jamais contribuer, par le biais d’enquêtes avec les associations de patientes, à communiquer et à informer les femmes sur les différentes pathologies gynécologiques, leur parcours de soins et leur prise en charge. Enfin, nous avons reçu le label « Best Place to Work for Woman » en 2022 et souhaitons bien le gagner à nouveau prochainement. Les collaborateurs de Gedeon Richter France (75 % de femmes), par leur investissement et leur engagement, nous permettent d’être en cohérence avec notre mission auprès des femmes. Cette implication dans la santé des femmes est à la fois notre raison d’être et notre façon d’être.
Propos recueillis par Christine Fallet
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2024.
Photo : © My Walls-Gedeon Richter / DR