Pour le Dr Bernard Escudier, oncologue au centre de cancérologie Gustave-Roussy, les traitements d’immunothérapie devraient contribuer à améliorer l’espérance de vie moyenne des patients atteints d’un cancer du rein.
En quoi est-il important de détecter un cancer du rein de façon précoce ?
Il a longtemps été un cancer dit « à mauvais pronostic », car dans la plupart des cas il était dépisté à un stade avancé, pour des patients déjà métastasés. Aujourd’hui, des progrès ont heureusement été réalisés. Les formes d’emblée métastatiques représentent de 15 à 20 % des cancers découverts. Il y a également des cancers métastatiques dits « secondaires » : ils se développent après qu’une intervention a eu lieu. On estime actuellement que 30 à 35 % des cancers du rein découverts évolueront vers une forme métastatique, contre 50 % il y a encore une dizaine d’années. Ces avancées sont notamment dues au fait que le dépistage s’effectue de façon plus précoce, même si le diagnostic est en général posé fortuitement, à l’occasion d’un scanner ou d’une IRM prescrits pour une autre cause. Ce diagnostic précoce permet effectivement des traitements plus efficaces. Il n’y a pas, aujourd’hui, de méthode spécifique pour dépister un cancer du rein, en l’absence de biomarqueurs. Seule l’imagerie donne la possibilité de diagnostiquer tôt une tumeur du rein, mais le dépistage systématique n’est pas recommandé.
On estime actuellement que 30 à 35 % des cancers du rein découverts évolueront vers une forme métastatique, contre 50 % il y a encore une dizaine d’années.
Dr Bernard Escudier
Les traitements récents offrent-ils de nouveaux espoirs aux malades atteints de cancers métastatiques ?
Oui, les espoirs sont là, avec même des guérisons dans les formes métastatiques, bien qu’il faille attendre d’avoir plus de recul pour qu’ils soient confirmés. Dans les années 2000, les traitements anti-angiogéniques, qui ont pour particularité d’« étouffer » la tumeur en empêchant sa vascularisation (création de nouveaux vaisseaux sanguins), ont constitué une réelle avancée. Depuis cinq ans, l’immunothérapie prouve un fort niveau d’efficacité contre de nombreuses formes de cancer, dont celui du rein. On constate en efet un allongement significatif du taux de survie chez une partie des malades. L’une des stratégies actuelles consiste à testerl’association entre l’immunothérapie et l’anti-angiogenèse. La recherche évalue également le potentiel offert par la combinaison de deux immunothérapies. Nous espérons que ces traitements pourront rapidement arriver sur le marché, afin que les patients français puissent en bénéficier.
Stéphane Corenc
Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde