Dans le dépistage du cancer du sein, la mammographie 3D est une technologie des plus prometteuses.
« Par rapport à la mammographie conventionnelle 2D, qui produit une image aplatie unique bidimensionnelle du sein, cette technique d’imagerie permet de limiter les superpositions du tissu mammaire lors de l’imagerie, grâce au balayage angulaire du sein par les rayons X, et d’obtenir ainsi des images tridimensionnelles (3D), explique le Dr Jean-Yves Seror, radiologue au Centre d’Imagerie Duroc à Paris. Elle favorise donc la détection de tumeurs plus petites et améliore la précocité du diagnostic de cancer, avec un gain de 18 mois par rapport à la mammographie 2D. La difficulté, c’est de pouvoir détecter des tumeurs lorsque la structure du sein est particulièrement dense. En raison du risque de superposition, certaines tumeurs peuvent être masquées, en particulier les lésions invasives, et elles nous échappent avec la mammographie classique en 2D. »
La mammographie 3D favorise la détection de tumeurs plus petites, et améliore la précocité du diagnostic de cancer, avec un gain de 18 mois par rapport à la mammographie 2D.
Dr Jean-Yves Seror
Plusieurs études cliniques démontrent aujourd’hui les atouts de la 3D, avec en moyenne 9 cancers du sein détectés pour 1 000 femmes en association avec la 2D, contre 7,2 en moyenne avec la 2D seule. La 3D améliore également la qualité du diagnostic grâce à une meilleure précision de la taille des anomalies, de leur forme et de leur localisation, et elle limite ainsi le risque à des examens complémentaires, notamment la biopsie, sources d’anxiété et d’inconfort pour les patientes. « L’un des avantages de la 3D est en effet de réduire la part des faux positifs, dans la mesure où elle améliore la caractérisation et permet ainsi de limiter l’exploration d’anomalies qui, au final, s’avèrent bénignes », ajoute le Dr Seror.
Actuellement, la mammographie 3D n’est pas intégrée dans le schéma institutionnel du dépistage du cancer du sein en France. « Le recours à la 3D s’accompagne toujours d’un cliché en 2D, ce qui augmente la dose d’irradiation et explique que les autorités soient aujourd’hui réticentes, indique le Dr Seror, bien que cette dose de rayons X reste inférieure aux normes européennes. » D’autre part, les images synthétiques 2D obtenues à partir de l’acquisition 3D et algorithmes de reconstitution peuvent aujourd’hui éviter une double exposition aux rayons X. « Cette innovation a été récemment agréée par la FDA américaine (Food and Drug Administration) pour le dépistage, et elle devrait, à terme, convaincre de la supériorité de la mammographie 3D, sans surcroît d’irradiation », conclut le Dr Seror.
Stéphane Corenc
Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde
Credit photo : © Gilles Lasselin / DR