Révolutions en ophtalmologie

 

Les maladies de la vision concernent des millions de personnes dans le monde, et progressent avec le vieillissement de la population et nos modes de vie. La recherche médicale est particulièrement dynamique et apporte de plus en plus de solutions.

En mars dernier, à Nantes, pour la première fois dans le monde, un patient a bénéficié d’IRIS II, un implant rétinien de 150 électrodes pour les patients devenus aveugles d’une rétinite pigmentaire. Ce dispositif innovant français a été développé par l’entreprise Pixium Vision, PME installée au sein de l’Institut de la Vision, l’un des plus importants centres de recherche intégrée sur les maladies de la vision en Europe. En parallèle, vingt autres patients ont été implantés avec la prothèse épi-rétinienne, de l’entreprise Second Sight, dans un essai clinique mené par l’Institut de la Vision. Ces avancées sur la rétine artificielle sont un exemple parmi d’autres de l’excellence de la recherche en ophtalmologie menée en France, que ce soit par des équipes académiques ou privées.

D’autres exemples d’innovations marquantes en ophtalmologie se retrouvent en chirurgie, en instrumentation ou encore dans le domaine des médicaments. Ils seront largement commentés au 122me Congrès de la Société Française d’Ophtalmologie, qui aura lieu du 7 au 10 mai 2016 au Palais des Congrès à Paris, et qui mettra l’accent cette année sur les œdèmes maculaires.

Mais si les progrès médicaux sont indéniables, les besoins sont toujours immenses, au vu du nombre de patients atteints par un déficit visuel. Près de 50 millions de personnes en Europe et en Amérique du Nord souffrent de pathologies sources de malvoyance : 30 millions sont touchées par la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), 20 millions souffrent de rétinopathie diabétique, 6 millions ont un glaucome, 2 millions ont développé une maladie rétinienne orpheline comme la rétinopathie pigmentaire.

En France, plusieurs millions de personnes sont touchées par les maladies de la rétine, liées au vieillissement comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), héréditaires comme la rétinite pigmentaire, ou liées aux conséquences des complications du diabète. La DMLA concerne 8% de la population française, dont 25 à 30% des plus de 75 ans. Le glaucome constitue la seconde cause de cécité dans les pays développés, après la DMLA. Il touche 1 à 2 % de la population de plus de 40 ans et environ 10 % après 70 ans. Près de 800 000 personnes sont traitées en France pour un glaucome mais 400 000 à 500 000 présenteraient la maladie sans le savoir. Et l’un des enjeux, au-delà de la recherche et de l’arrivée de nouveaux traitements, reste le dépistage de ces maladies pour une prise en charge précoce.

Importance du dépistage

Là aussi, les techniques de diagnostic ont fait de grands progrès. Les résolutions de l’imagerie – de la cornée, de la rétine, du glaucome – sont de plus en plus fines. Ces avancées sont essentielles pour améliorer et détecter plus précocement les anomalies, notamment dans les maladies de la rétine et le glaucome. Pour le patient, un diagnostic posé tôt augmente les chances de stopper la perte de vue ou de la retrouver. Dans les derniers mois, le développement de l’Angio-OCT a beaucoup fait parler de lui. Cette technologie combine les atouts des deux techniques d’imagerie dont elle est issue : l’angiographie et l’OCT (tomographie de cohérence optique). La précision obtenue apporte des informations supplémentaires et dévoile même des structures inédites. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans le diagnostic et le traitement des maladies de la macula.

L’arrivée de ces innovations met d’autant plus en lumière l’importance d’un suivi régulier pour chaque individu, pour dépister le plus précocement possible ces pathologies et les traiter. Elle repose aussi la question du manque d’ophtalmologistes en France, avec des délais moyens qui varient entre 60 et 111 jours pour obtenir un rendez-vous. Une situation à traiter en urgence car une bonne vision reste un élément majeur dans la bonne santé et la qualité de vie de chaque individu, quelque soit son âge.

Anne Pezet pour CommEdition.