ÊTES-VOUS BIEN SOIGNÉ ?

Présenté comme l’un des meilleurs du monde, le système de santé français souffre néanmoinsde nombreuses lacunes, avec un rapport coût/efficacité largement perfectible.

Un système plutôt performant mais parmi les plus coûteux. Selon l’OCDE, avec des dépenses de santé représentant 11,6 % du PIB, la France est en troisième position, derrière les États-Unis et les Pays-Bas. Toujours en tête pour l’espérance de vie, elle affiche de moins bons résultats sur certains indicateurs, par exemple la mortalité prématurée chez les hommes ou la mortalité périnatale. L’OCDE estime néanmoins que « le système de santé français se compare avantageusement à ceux des autres pays », en particulier parce qu’il reste l’un des plus universels, grâce notamment à de faibles restes à charge financiers. Un autre classement, réalisé par l’agence de notation Bloomberg et fondé sur le rapport coût/efficacité, est moins flatteur : il classe la France en 19e position, entre la Malaisie et l’Équateur.

Ce diagnostic contrasté illustre les carences traditionnelles du dispositif de soins. En raison d’investissements insuffisants dans la prévention, le système de santé est essentiellement curatif, ce qui accroît les coûts de prise en charge. Souvent qualifié d’hospitalocentré, il tarde à développer les prises en charge en ambulatoire, à la fois moins coûteuses et souvent plus satisfaisantes pour les patients. L’exemple de la chirurgie ambulatoire est patent : elle représente à peine un tiers des actes, contre les deux tiers en Allemagne. Selon la Cour des comptes, son développement permettrait d’économiser jusqu’à 5 milliards d’euros par an. Mal organisé, le système français souffre d’un manque de coordination entre les professionnels de santé. Il en résulte des surcoûts inutiles et des pertes de chances pour des patients victimes de ruptures de prise en charge.
Face à ces difficultés, le gouvernement Ayrault a annoncé une Stratégie nationale de santé, vaste exercice de débat avant la présentation d’une loi de santé publique. Mais le calendrier reste flou : si la loi devrait être rendue publique en juillet, elle ne serait pas discutée avant début 2015. Entre-temps, c’est la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale, à l’automne, qui donnera le ton. Avec de mauvaises nouvelles en perspective. La nécessité de réduire la dépense publique pourrait entraîner une diminution de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie, dont la progression serait inférieure à 2 %, au lieu de 2,5 %. Longtemps épargnée, la santé n’échappe plus, désormais, à l’économie réelle.

Pierre Mongis