Le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement s’annonce comme un texte majeur du quinquennat. Il propose un changement de regard sur le vieillissement et insiste sur le maintien à domicile des personnes âgées.
IL SERA FINALEMENT présenté en Conseil des ministres en juin. Après quelques incertitudes liées au changement de gouvernement et au Pacte de responsabilité, le Premier ministre a corrigé le tir mi-mai. En adressant un courrier aux parlementaires, il a indiqué que le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, absent de son discours de politique générale, devrait bien être voté avant la fin de l’année. Un soulagement pour de nombreux acteurs publics et privés, qui attendent beaucoup de ce texte. D’abord par sa forme juridique : loi d’orientation et de programmation, elle a vocation à porter un projet global, durable, et générant de profondes transformations dans l’organisation de la société. Alors que les précédentes concertations autour du thème du vieillissement tendaient à focaliser l’approche autour du financement de la dépendance, le projet présenté en février par Jean-Marc Ayrault repose sur un changement de paradigme. Loin d’être un poids pour la société, le vieillissement doit être perçu comme une opportunité formidable pour la société.
UNE RÉALITÉ DÉMOGRAPHIQUE MATHÉMATIQUE
En 2030, les plus de 60 ans seront près de 20 millions et les plus de 80 ans près de 5 millions. Mais, contrairement aux idées reçues, l’avènement du « grand âge » n’est pas fatalement synonyme de catastrophe sociale annoncée : seuls 2 millions d’entre eux devraient être en situation de perte d’autonomie, à des degrés divers. Les effets du progrès médical, l’impact de programmes de prévention de type « Bien vieillir » tendront à accroître la part de seniors en bonne santé. Ces perspectives suscitent aujourd’hui de nouvelles orientations dans les politiques publiques. A la stratégie du « tout-EHPAD » et à la médicalisation de 90 % d’entre eux, va se substituer un plan de développement d’habitats intermédiaires,
entre domiciles classiques et maisons de retraite et destinés à favoriser le maintien à domicile.
Outre le soutien à la modernisation de structures publiques et semi-publiques (logements-foyers), le secteur privé est incité à innover dans diverses formules d’accueil adapté (résidences services, immeubles intergénérationnels, « béguinages », foyers-soleil…) en évitant un risque : la « ghettoïsation » des personnes âgées. Un programme de rénovation et d’adaptation des logements est également proposé, et le rapport Broussy préconise de financer 15 000 chantiers par an durant cinq ans. Enfin, au-delà, c’est tout l’espace public (quartier, ville, territoire) qui doit être repensé pour faciliter l’intégration et l’implication des seniors dans la vie publique.
Pierre Mongis