La nouvelle révolution thérapeutique

L’arrivée de nouveaux médicaments innovants et le raz-de-marée de la e-santé vont bouleverser en profondeur la prise en charge des malades et l’organisation des systèmes de santé.

Qui osera encore affirmer que l’innovation de l’industrie pharmaceutique est en panne? En vingt-cinq ans, ce sont plus de 940 molécules qui auront été mises sur le marché. Selon une étude d’IMS Health France, le mouvement s’accélère même, avec 146 produits entre 2006 et 2010, 184 entre 2011 et 2015 et 225 prévus entre 2016 et 2020. Deux domaines thérapeutiques symbolisent le dynamisme de la R&D. L’hépatite C, d’abord, a vu arriver en 2014 des traitements inédits, guérissant 95% des malades en moins de douze semaines. En oncologie, le développement de traitements ciblés sur certains types de tumeurs permettent d’améliorer, mois après mois, le taux de survie de nombreux malades. La lutte contre le cancer est un combat de longue haleine, ponctué de petites victoires.
Aujourd’hui, plus de six cancers sur dix sont déclarés guéris cinq ans après leur survenue.
Mais l’innovation en santé, aujourd’hui, va bien au-delà du seul champ du médicament. Dans le domaine du dispositif médical, les lecteurs de glycémie et les pompes à insuline connectées contre le diabète, ainsi que les défibrillateurs automatiques implantables en cardiologie, sont deux illustrations du dynamisme de l’innovation du secteur. Autre vecteur de progrès médical, la télémédecine et la e-santé sont appelés à révolutionner les pratiques médicales. La compétition est ouverte, et les entrepreneurs français de l’économie digitale figurent au premier rang, à l’instar des jeunes sociétés qui brillent chaque année au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas.

Le marché de la santé mobile a de beaux jours devant lui, avec une croissance annuelle de 4 à 7% et 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 2017. L’an prochain, un mobinaute sur deux aura téléchargé au moins une appli santé sur son smart-phone. Mais il reste encore à définir un écosystème favorable pour un usage proprement médical de ces technologies, l’intégration dans les pratiques professionnelles, voire demain la prescription par les médecins dans le cadre de la consultation. « De façon globale, il faut définir de nouvelles orientations pour l’innovation en santé, proposer une stratégie lisible pour les entrepreneurs et assurer aux patients une évaluation fiable de ces innovations, en termes de sécurité d’usage et d’utilité pour leur santé », estime le Pr Jean-Yves Fagon. Ce praticien hospitalier a été nommé en février délégué à l’innovation en santé par Marisol Touraine et doit proposer prochainement des pistes d’action. La ministre de la santé, pour sa part, va présenter dans quelques jours sa stratégie pour la e-santé.

Pierre Mongis