Caricaturée – à tort – comme la simple conséquence d’un trouble alimentaire, l’obésité est en réalité une maladie à part entière qui nécessite une prise en charge globale et coordonnée du patient.

Fléau sanitaire en forte augmentation, le surpoids et l’obésité touchent, selon l’OMS, 39 % de la population mondiale adulte (chiffres 2016). Et la Région européenne est particulièrement concernée : selon des chiffres plus récents, près des deux tiers des adultes en souffrent, ainsi qu’un enfant sur trois. En France, l’« épidémie » progresse également, même si la proportion est au-dessous de la moyenne européenne : 49  % des adultes et 17  %des enfants ont un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 25 kg/m2, dont 17 % (adultes) et 4 % (enfants) sont atteints d’obésité (IMC à partir de 30 kg/m2). Surtout, ce qui inquiète les spécialistes, c’est la prévalence croissante chez les plus jeunes : l’obésité a été multipliée par quatre chez les 18-25 ans et par trois chez les 25-34 ans depuis 1997. Reflet des évolutions du mode de vie, l’obésité ne doit cependant pas être limitée aux troubles du comportement alimentaire. La communauté médicale s’entend pour la considérer aujourd’hui comme une maladie à part entière. Complexe, multifactorielle, elle doit être considérée comme grave, à l’origine de nombreuses comorbidités, dont 13 formes de cancers.

Un besoin de modification des comportements

La prise en charge de l’obésité requiert une coordination pluri professionnelle, impliquant plusieurs disciplines, dont les médecins, bien sûr, mais également des diététiciens, des psychologues et des spécialistes de l’activité physique. L’éducation thérapeutique du patient est clé, avec l’apport précieux de patients ressources. Le premier objectif est d’accompagner le patient dans la modification de son comportement, sans jamais le juger ni le stigmatiser, et en l’aidant à choisir lui-même son plan d’action. Le 28 février, la Haute Autorité de Santé a présenté ses recommandations pour un parcours de soins global et coordonné, l’un pour l’adulte, l’autre pour l’enfant et l’adolescent. Elle appelle notamment à agir de façon plus efficace en termes de prévention, à lutter contre les ruptures de soins et à bâtir avec le patient une stratégie d’action personnalisée. La HAS actualise par ailleurs ses travaux sur la prise en charge de l’obésité complexe et sévère. Elle rappelle que le médecin traitant doit rester le coordonnateur du parcours de soins, y compris en cas d’adressage du patient à un spécialiste de l’obésité ou à une équipe hospitalière. Et elle souligne que la chirurgie bariatrique, en augmentation ces dernières années, ne doit intervenir qu’en dernier recours, et ne doit pas être utilisée chez l’enfant sauf exception.

Antoine Largier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Obésité réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 mars 2024.

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