Ils sont enfants, adolescents ou jeunes adultes et aident un parent malade ou en situation de handicap, mais ils sont « invisibles »
« Ils sont invisibles, parce qu’ils cachent ce voile pudique que nous mettons sur des réalités dérangeantes », déclare Françoise Ellien, Présidente, Co-fondatrice de l’Association nationale Jeunes AiDants Ensemble, JADE. Mais qui sont-ils ? Comment les repérer, les accompagner ? Pourquoi ce sujet si longtemps tabou commence enfin à émerger en France ? Le premier enjeu pour les jeunes aidants est d’apprendre à se reconnaître comme aidants pour être reconnus en tant que tels. « Ce sont des jeunes qui vivent parfois avec une charge mentale importante. lls s’occupent de leur proche malade et souvent aussi de leur fratrie (les devoirs, le bain), du quotidien (le ménage, les courses, les repas, chercher les médicaments à la pharmacie) », explique Amarantha Bourgeois, Directrice de l’association.
Comment, alors, concilier vie de jeune, d’élève et rôle d’aidant ? C’est toute l’importance des actions de communication de l’association JADE, qui a porté ce sujet dans le cadre de la Stratégie de mobilisation nationale « Agir pour les aidants » 2020-2022. Le deuxième enjeu consiste à former les structures pour mieux accompagner les jeunes aidants : répondre à leur besoin de répit, les aider à sortir de l’isolement, à reprendre confiance en eux, à faire communauté et accepter leur différence avec fierté. L’association a ainsi modélisé ses ateliers artistiques-répit pour les essaimer sur le territoire national : « En 2022, ce sont 14 ateliers répit JADE, dans 10 régions en France, qui ont vu le jour et autant qui sont en cours d’accompagnement », indique Camille Vassort, Responsable du Développement de l’association. « Toutes ces actions sont primordiales pour élever le niveau d’acculturation aux enjeux liés à la jeune aidance », selon Catherine Billoët, qui vient de rejoindre l’association en tant que Chargée de mission Stratégie, Communication et Mécénat.
L’ambition de JADE ? Un dispositif par département en 2024 et la mobilisation des pouvoirs publics et des groupes de protection sociale pour que chaque jeune en situation d’« aidance » puisse être accompagné et soutenu. Les travaux de recherche et d’évaluation scientifiques portés par le Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé de l’Université de Paris Cité confirment l’urgence, 14,3 % des lycéens se reconnaissant en tant qu’aidants. « On n’a plus le droit de fermer les yeux sur ces situations », conclut Amarantha Bourgeois.
Atelier Jade
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Aidants réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 6 octobre 2022.
Photo: Les ateliers JADE à Lyon © Ateliers JADE / DR
