Claudie Kulak, fondatrice de La Compagnie des aidants, chargée du portage politique au sein du bureau du Collectif Je t’Aide et membre du Conseil économique, social et environnemental.
Un soir de mars 2020, les Français apprennent qu’ils vont être confinés. C’est bien évidemment un choc pour tout le monde. Pour autant, ils ne vont pas tous vivre le même confinement.
Des familles vont devoir prendre en charge, chez elles, un proche malade, handicapé ou en situation de dépendance. Car ce confinement s’accompagne d’une fermeture de structures d’accueil, de sorties précipitées d’hôpitaux et de suppressions d’aides à domicile. Du jour au lendemain, ces familles doivent par exemple effectuer des gestes habituellement pratiqués par des professionnel.le.s. de santé. Durant ce confinement, les aidants.e.s sont aussi en télétravail. Et bon nombre ont également des enfants à la maison dont ils doivent accompagner la scolarité.
Cette situation, particulièrement lourde à porter, est aussi celle de parents ayant des enfants dans un Institut médico-éducatif (IME), dont les structures ont également fermé leurs portes avec le confinement. Pour toutes ces familles, gérer la situation vire rapidement au casse-tête. Les aidant.e.s accumulent stress et fatigue. Ils/elles vont s’isoler, se mettre à l’écart. L’isolement social est une des graves conséquences de la crise sanitaire pour les aidant.e.s. La pandémie n’est pas terminée et certains seniors sont encore confinés par peur du virus. Plus que jamais, les aidant.e.s doivent donc être considéré.e.s comme des « co-soignants », sans lesquels notre système de santé ne pourrait survivre. Ils/elles doivent également se reconnaître eux/elles-mêmes dans le statut d’aidant.e qui reste encore trop souvent méconnu. C’est le sens de la 12e édition de la Journée nationale des aidant.e.s, dont le thème est justement l’isolement social. Cet événement vise à faire prendre conscience, à l’ensemble de notre société, de la nécessité de comprendre et de soutenir les aidant.e.s. Car le sujet concerne chacun d’entre nous. Nous serons tous un jour : aidant.e puis aidé.e !
Article extrait du dossier Grand Angle spécial « Aidants » réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 6 octobre 2021.