Prendre en charge les femmes jeunes et âgées

Dr Luc Ceugnart, radiologue, Président de la Société française de Sénologie et de Pathologie mammaire (SFSPM).

Alors que le dépistage organisé (DO)est destiné aux femmes âgées de 50 à 74 ans ayant un risque moyen du cancer du sein, le congrès de la SFSPM, qui se tiendra du 9 au 12 novembre à Nice, se penche cette année sur la prise en charge des femmes, plus âgées ou plus jeunes, non concernées par ce programme national mais qui sont pourtant touchées par la maladie. L’âge demeure le premier facteur de risque de cancer, il est donc important de poursuivre le dépistage individuel après 74 ans pour prendre le relais du DO. L’idéal est a minima un examen clinique annuel, rendu difficile par le déclin de la démographie médicale.

De son côté, le DO implique une deuxième lecture des mammographies, une assurance qualité de l’interprétation. Malheureusement, le DO est alourdi par différents freins pointés dans un récent rapport de l’Igas  : mauvaise organisation entre les multiples tutelles, peu de moyens régionaux, imagerie non adaptée à l’évolution technologique et au matériel des radiologues qui se sont équipés en tomosynthèse non validée pour le DO et besoin de dématérialiser les clichés pour faciliter les transmissions en deuxième lecture. Concernant les traitements, l’âge n’est plus un critère thérapeutique en tant que tel. Les femmes de plus de 70 ans sont souvent en bonne santé et peuvent être exposées à des traitements intenses. Quant aux femmes plus jeunes, elles ne sont pas systématiquement atteintes de formes plus agressives de cancer. Les stratégies thérapeutiques sont davantage orientées par la biologie de la tumeur (récepteurs hormonaux, KI67, surexpression de HER2, mutation des gènes BRCA, etc.).

Ces éléments permettent de mettre en place des traitements personnalisés en évaluant la nécessité de frapper fort ou au contraire de condidérer la possibilité de « désescalade ». L’évolution thérapeutique est telle que les traitements révolutionnent également la prise en charge de la maladie au stade métastatique. Ces avancées sont très dynamiques et porteuses d’espoir pour les patientes, quel que soit leur âge.

Gézabelle Hauray


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 octobre 2022.

© Photos : D. Paillard-SFSPM / DR