Pédiatrie : les nouvelles stratégies préventives

Pr Agnès Linglart, pédiatre à l’hôpital Bicêtre Paris-Saclay AP-HP et Présidente de la Société française de Pédiatrie (SFP).

Aujourd’hui, en complément des vaccinations (immunisation active), nous disposons de nouvelles stratégies préventives d’immunisation passive par transfert d’anticorps.

Un exemple en a été donné l’hiver dernier avec la mise en place de la prévention de la bronchiolite à VRS des nouveau-nés par un anticorps. Il y a eu un taux d’acceptabilité très important de la part des parents. Nous n’avons pas de données définitives sur les effets de cette nouvelle stratégie, mais les premières données sont encourageantes, avec une diminution observée des formes graves et des hospitalisations.

Et, pour l’hiver prochain, la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis une recommandation provisoire concernant la vaccination des femmes enceintes contre le VRS entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée, qui permettrait de protéger les nourrissons dès la naissance par passage transplacentaire des anticorps maternels vers le fœtus.

Ainsi, nous disposerons de deux stratégies complémentaires d’immunisation passive du nouveau-né contre les infections à VRS, qui permettront de passer le cap d’une épidémie hivernale.

Autre avancée, le développement de tests génétiques pour le dépistage néonatal de maladies rares bénéficiant de traitements qui doivent être donnés dès la naissance pour empêcher les symptômes de la maladie ou le décès de l’enfant. C’est le cas de l’amyotrophie spinale infantile, par exemple. Environ 40 nourrissons par an peuvent développer une forme très sévère entraînant le décès dans le premier mois de vie. Une étude pilote a été mise en place dans deux régions à la demande des autorités de santé. Après un an, elle démontre que le dépistage néonatal par test génétique permet de sauver des enfants.

Pour d’autres maladies rares, la démonstration est faite dans d’autres pays européens et l’on pourrait s’appuyer sur ces données au lieu de tout recommencer et retarder la généralisation des tests, ce qui est dommageable pour les enfants !


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Pédiatrie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 16 mai 2024.

© SFP / DR