Mieux entendre pour mieux vivre

Le système auditif est complexe et peu accessible aux thérapies, et malgré les efforts de recherche, la seule solution est l’appareillage. Cependant, les nouvelles techniques et la création d’un Institut de l’Audition en 2017 devraient changer la donne.

Vieillissement de la population, baisse de l’audition des jeunes due à des expositions prolongées au bruit, deux facteurs qui expliquent la montée des troubles de l’audition. D’après le dernier rapport de la DREES sur l’état de santé de la population en France, 9,2 % des personnes de 18 ans et plus déclarent des difficultés d’audition sévères pour entendre ce qui se dit dans une conversation dans un environnement calme ou bruyant. Ces gênes s’accroissent avec l’âge, atteignant 37,5 % des 80 ans et plus. La surdité touche ainsi près 6 millions de français, à différents degrés : de la gêne auditive légère jusqu’à l’exclusion sociale des personnes concernées.

Les cellules impliquées dans l’audition sont très subtiles, complexes et l’anatomie ne facilite pas leur accès. Les recherches menées depuis de longues années ont permis de comprendre les mécanismes de l’audition dans le détail. Et de nouvelles techniques – thérapie génique, thérapie cellulaire… – se développent, avec des applications certaines dans les prochaines années

Des efforts de recherche importants ont été entrepris dans la compréhension des mécanismes responsables des troubles auditifs. « Les cellules impliquées dans l’audition sont très subtiles, complexes et l’anatomie ne facilite pas leur accès. Les recherches menées depuis de longues années ont permis de comprendre les mécanismes de l’audition dans le détail. Et de nouvelles techniques – thérapie génique, thérapie cellulaire… – se développent, avec des applications certaines dans les prochaines années », indique le Pr Paul Avan, médecin, Directeur du laboratoire de biophysique sensorielle de l’Université d’Auvergne. Les mécanismes du vieillissement du système auditif sont mieux connus, et il sera bientôt possible d’identifier les personnes les plus fragiles et mener des actions de prévention ciblées.
Afin d’accélérer le transfert des découvertes vers le patient, les partenariats entre les équipes publiques et privées se multiplient. Sur le modèle de l’Institut de la Vision qui a fait ses preuves et au même endroit, l’Institut de l’Audition ouvrira ses portes fin 2017. « Cet Institut puissamment soutenu à la fois par des Fondations privées et des institutions publiques devrait rassembler sur un même lieu des laboratoires acadé-miques d’excellence, des cliniciens et des industriels », explique Paul Avan.
En attendant, les appareils auditifs conventionnels ont beaucoup progressé, en termes de technologies et de réglages. Si les aides auditives ne sont pas suffisantes ou si elles sont inadaptées au type de surdité, des implants peuvent être proposés. « Chaque solution a ses limites. Mais il ne faut pas oublier que la première limite est le déficit en diagnostic. La baisse d’audition reste stigmatisante en France, et le dia-gnostic est souvent posé trop tardivement », conclut Paul Avan.