L’altération de l’audition liée à l’âge nécessite le port d’un appareil auditif. Selon les estimations, seuls 30 à 40 % des malentendants en sont équipés. À l’heure où la prévention du risque et une meilleure prise en charge de la presbyacousie sont au programme de la prochaine loi sur la dépendance, le point à l’occasion de la 16e Journée nationale de l’audition.

Environ six millions de personnes sont estimées malentendantes en France. Un chiffre appelé à augmenter durablement, en raison du vieillissement démographique. Car c’est l’âge qui reste la première cause de perte de l’audition. Y compris pour les cas les moins sévères, la presbyacousie peut être un handicap important pour la qualité de vie. « La perte d’audition peut fortement perturber la vie professionnelle et les relations sociales, estime le Pr Patrice Tran Ba Huy, chef du service ORL à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle peut être à l’origine de repli sur soi, de perte de mobilité, voire de dépression et d’anxiété. »

Une étude parue en janvier 2013 dans une revue médicale internationale établit même une corrélation entre perte auditive et démence sénile. Selon les auteurs, « les personnes âgées souffrant de perte auditive ont une accélération du déclin cognitif de 30 à 40 %. » Une donnée qui justifie que « la prévention du risque et une meilleure prise en charge de la presbyacousie soient au programme de la prochaine loi sur la dépendance », comme le réclame le président de l’Unsaf, Luis Godinho. Michèle Delaunay, ministre chargée des personnes âgées et de l’autonomie, s’y engage.

Face à ce défi de santé publique, la meilleure réponse reste l’appareillage, c’est-à-dire la pose et le réglage d’appareils permettant de restaurer en partie la capacité auditive.

Un marché à croissance soutenue : près de 500 000 appareils sont ainsi commercialisés chaque année, pour un montant d’un milliard d’euros. Classés en quatre niveaux selon leurs performances, ces équipements relèvent de la catégorie du dispositif médical. Évalués par les autorités sanitaires, ils doivent être prescrits par les ORL et posés par des audioprothésistes. Formés durant trois ans, ces professionnels paramédicaux sont au nombre de 2 600 en France, répartis dans près de 3 400 centres d’audioprothèse. Ils assurent à la fois la pose, le réglage des équipements et le suivi des patients tout au long de la durée de vie de l’appareil, soit quatre à cinq ans.

Les promesses d’évolution du marché aiguisent la concurrence entre acteurs, d’autant que 30 à 40 % seulement des malentendants sont appareillés. Venues de l’optique, de grandes enseignes tentent de s’imposer en jouant sur les prix et en créant leurs réseaux dédiés d’audioprothésistes. Certains distributeurs vont plus loin, en proposant des assistants d’écoute préréglés, vendus sans ordonnance en pharmacie, mais qui ne sont en réalité que des amplificateurs de son. Côté payeurs, les assurances complémentaires se sont lancées, depuis 2009, dans une stratégie de réseau de référencement, avec un succès mitigé. À la clé, c’est la question du reste à charge pour le patient qui pose problème : avec un coût moyen d’environ 1 500 euros par oreille, le patient en débourse 900, soit 1 800 euros en cas de presbyacousie, car il faut le plus souvent équiper les deux oreilles. Un montant qui décourage de nombreux patients et repousse l’échéance de l’appareillage.

Pierre Mongis. Publié par CommEdition.