Les biotechnologies transforment la prise en charge des patients et bouleversent les approches thérapeutiques. Le secteur français est en développement, mais il lui manque encore des financements pour atteindre sa masse critique.
Les biotechnologies se sont largement déployées aujourd’hui dans différents domaines, et notamment celui du médicament. Le nombre de composés issus des entreprises de biotechnologiques arrivant sur le marché progresse ainsi d’année en année. En cancérologie notamment, l’INCa (Institut national du cancer) a répertorié, entre 2004 et avril 2012, 38 molécules anticancéreuses disponibles en France, dont 16 thérapies ciblées. Et ce n’est que le début de l’aventure.
Après les anticorps monoclonaux, la thérapie cellulaire et la biologie de synthèse sont les prochaines révolutions
« Nous sommes en train de sortir de l’ère préhistorique des biotechnologies. Après les anticorps monoclonaux, la thérapie cellulaire et la biologie de synthèse sont les prochaines révolutions », estime André Choulika, président de France Biotech, association professionnelle qui donnera, début juin, les derniers chiffres du secteur à l’occasion de la publication de la 11e édition de son panorama des biotechnologies en France.
En 2013, plus d’une trentaine d’entreprises de biotechnologies françaises sont cotées en Bourse, selon le périmètre de France Biotech. Dernière en date, la lyonnaise Erytech Pharma a levé 17,7 millions d’euros lors de son introduction au NYSE Euronext, en mai. Néanmoins, le financement reste une épine dans le pied de ces entreprises, surtout pour passer aux essais cliniques de grande envergure, qui nécessiteraient des levées de fonds de 30 à 50 millions d’euros. Quasi impossible en Europe où les grands fonds d’investissement en santé restent rares et où les communautés de Business Angels ne sont pas développées comme aux États-Unis. France Biotech n’a de cesse de rappeler que cette capacité financière pourrait être atteinte en mobilisant 5 à 7 % de l’épargne, notamment de l’assurance vie, au service des PME à fort potentiel. Mais pour l’instant, les pouvoirs publics font la sourde oreille.
Malgré tout, les entreprises françaises ont réussi à déployer leurs programmes de recherche et ont également acquis des compétences au niveau réglementaire.
De nombreux produits sont en développement clinique, et les essais sont menés de façon conforme aux référentiels internationaux. Les collaborations entre sociétés de biotechnologies et groupes pharmaceutiques sont bien plus efficaces. « Signe de cette maturité, plusieurs contrats structurants ou acquisitions ont été signés depuis quelques années : Innate Pharma a signé avec BMS, Novexel et Ipsogen ont été acquises respectivement par AstraZeneca et Qiagen, Fovea est passée dans le giron de Sanofi. Et malgré la crise économique, le secteur se tient bien et reste dynamique », résume André Choulika.
Un secteur qui devrait changer d’échelle lorsque des entreprises de biotechnologies françaises apporteront les premiers produits de rupture sur le marché. « Ces innovations existent dans le portefeuille de nombreuses sociétés, ce n’est qu’une question de temps », assure André Choulika.
Anne Pezet pour CommEdition.