Si les progrès médicaux ont été très importants dans les 20 dernières années, les maladies cardiaques font toujours des ravages. Les efforts de recherche et de prévention doivent se renforcer.
Le cœur artificiel développé par Carmat fait couler beaucoup d’encre, mais au-delà de cette prouesse technique, d’énormes progrès ont été réalisés dans la prévention et les traitements des pathologies cardiaques que ce soit au niveau des médicaments, ou des dispositifs médicaux. Les stents ont transformé la prise en charge du patient coronarien, le pacemaker celui des troubles du rythme cardiaque. Les médicaments depuis le début des années 90, comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les béta-bloquants ou encore les statines ont amélioré le pronostic et la prise en charge des patients.
Cependant, les besoins médicaux restent importants. Près de 20 millions de Français (touchés par le diabète, l’hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac…) souffrent de maladies cardiovasculaires.
Les efforts se sont relâchés alors que le mode de vie dans les pays industrialisés favorisent toujours ces maladies dont la morbidité reste élevée
Elles sont responsables de 150 000 morts par an en France, elles sont aussi gravement invalidantes. L’une des pathologies qui est de plus en plus présente est l’insuffisance cardiaque, due à la maladie coronaireaux maladies coronaires ou à l’hypertension vasculaire qui fatiguent le cœur, ou bien tout simplement liée à l’âge avec une rigidité accrue du muscle cardiaque. Une pathologie à prendre au sérieux. « Après une première hospitalisation pour insuffisance cardiaque, 40% des patients meurentrisquent de mourir dans les deux ans », souligne Yves Juillière, cardiologue, responsable de l’Unité insuffisance cardiaque et éducation thérapeutique à l’Institut Lorrain du Cœur et des Vaisseaux du CHU de Nancy-Brabois et Président de la Société Française de Cardiologie (SFC), qui organise ses 25ème Jjournées Eeuropéennes du 14 au 17 janvier 2015, au Palais des Congrès à Paris.
Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez les femmes et les plus de 65 ans, et la deuxième chez les hommes.
Or, les projets de pouvoirs publics et les campagnes de prévention sont plutôt concentrés sur les cancers. « La cardiologie a fait de tels progrès qu’en 2004, la courbe de mortalité due aux pathologies cardiaques est passée derrière celle des cancers. Du coup, les efforts se sont relâchés alors que le mode de vie dans les pays industrialisés favorisent toujours ces maladies dont la morbidité reste élevée », relève Pr Yves Juillière. L’arrêt du tabac reste une priorité, alors qu’il est de plus en plus présent dès le collège, et dans la population féminine. Des actions de prévention doivent être menées de façon efficace.
Ces maladies posent non seulement un problème de santé publique mais également un problème économique. « Les malades sont mieux pris en charge et vivent plus longtemps sous traitement. Les coûts augmentent mathématiquement », constate Yves Juillière. Les maladies cardio-vasculaires occupent ainsi la première place dans les dépenses de santé des pays développés. En France, 13% des personnes sont traitées en affection de longue durée pour des maladies cardio-vasculaires, pour un coût évalué pour le régime général à 28,7 milliards d’euros par an, (17% des dépenses totales de l’Assurance Maladie). Ces chiffres devraient faire réagir les Pouvoirs Publics pour renforcer les budgets de recherche dédiés à ces pathologies, ainsi que ceux destinés aux actions de prévention.
Anne Pezet pour CommEdition