Eczéma atopique : au plus près du ressenti et des besoins des malades

L’eczéma atopique est la deuxième maladie de peau la plus fréquente en France(1). Pourtant, son impact sur le quotidien des malades reste encore mal connu. Voilà pourquoi il est important de continuer à communiquer sur le fardeau et le vécu des patients atteints de cette maladie chronique. Rencontre avec Stéphanie Merhand, Fondatrice et Directrice de l’Association Française de l’Eczéma.

L’eczéma touche environ 2,5 millions de personnes en France(2), ce qui en fait une maladie relativement courante. Les patients rencontrent-ils des difficultés dans leur parcours ?

Oui, absolument, le problème étant principalement le manque de dermatologues. Cette spécialité a vu le nombre de ses médecins fondre en quelques années, au détriment du parcours de soins des patients. Ainsi, le patient qui est sorti du circuit, car son eczéma l’a laissé tranquille quelque temps et qui rechute brutalement, tout comme celui qui connaît une poussée ou encore qui veut rediscuter de son traitement ont le plus grand mal aujourd’hui à trouver un dermatologue et à obtenir un rendez-vous rapidement. Le médecin généraliste est certes un relais entre deux consultations avec le dermatologue, mais, là encore, les rendez-vous sont longs à obtenir, surtout en province. Hélas, on continue à minimiser l’impact de l’eczéma sur le quotidien des patients et il faut bien comprendre que le patient souffrant d’eczéma a besoin d’un suivi régulier et de qualité.

Votre association, l’Association française de l’Eczéma, existe depuis douze ans. Quelle est son action ?

Nous existons tout d’abord pour informer les patients, soutenir la recherche, participer à l’éducation thérapeutique des malades, défendre leurs droits, les mettre en relation et, bien sûr, les sortir de l’isolement. Cela, nous le faisons notamment au travers d’une Journée nationale de l’Eczéma, de notre site Internet associationeczema.fr, de podcasts et de magazines. Mais nous devons également de plus en plus pallier le manque d’information ressenti par les patients entre deux consultations chez le dermatologue. Nous recevons énormément d’appels au secours de patients qui ont besoin de conseils et se sentent isolés. Comme je l’ai déjà évoqué, la chute libre du nombre de dermatologues dans notre pays est un vrai problème, qui au-delà d’être un sujet d’inquiétude, complique singulièrement le parcours de soins.

parlez-nous de la campagne « Eczéma atopique : changez de tactique ! » à laquelle vous avez participé.

Cette campagne, créée par le laboratoire Abbvie, interpelle à plusieurs titres. Tout d’abord, les visuels utilisés sont percutants et traduisent très bien ce que les patients vivent réellement avec leur maladie. Ensuite, cette campagne a pour objectif d’inciter le patient sorti du parcours de soins – soit parce que son eczéma faisait une trêve, soit parce que son traitement ne lui convenait plus par exemple – d’y revenir et d’apprendre qu’il existe des alternatives pour soulager ses symptômes. Enfin, nous avons pu participer au projet dès son lancement et intervenir notamment dans le choix des visuels, pour qu’ils expriment le plus justement le ressenti des patients.

Association française de l’Eczéma : https://www.associationeczema.fr/

Christine Fallet

1) Société française de Dermatologie. Dossier de presse 2017 « Dans la peau des Français ». Disponible sur www.sfdermato.org
2) Association française de l’Eczéma. https://www.associationeczema.fr/eczema-des-mains-ses-differentes-formes/

FR-IMMD-230314 – 12/2023

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 décembre 2023.

© AFE / DR