Eczéma chronique des mains: un handicap au quotidien

Un adulte sur dix est concerné par l’eczéma chronique des mains (ECM), dermatose inflammatoire douloureuse et handicapante, qui peut affecter la vie sociale et professionnelle des patients. Explications du Dr Marie-Noëlle Crépy, dermatologue et allergologue à l’Hôtel-Dieu et à l’hôpital Cochin (Paris).

Comment définissez-vous l’ECM ?

On parle d’eczéma chronique des mains devant un eczéma localisé aux mains et aux poignets persistant plus de trois mois ou ayant récidivé au moins deux fois dans l’année. Les principaux symptômes sont des démangeaisons parfois très importantes qui peuvent réveiller la nuit et des douleurs qui impactent la vie quotidienne.

D’un point de vue clinique, l’ECM associe, à des degrés divers, érythème, œdème, vésicules, desquamation, croûtes, fissures, hyper-kératose, qui ont un retentissement sur la qualité de vie et sur la vie personnelle, sociale et professionnelle (arrêt de travail, reclassement professionnel, chômage).

Pourquoi l’incidence sur la vie professionnelle est-elle si importante ?

L’ECM peut être provoqué par l’exposition à des facteurs exogènes irritants (eczéma de contact irritatif) tels que les savons, les détergents, les frictions mécaniques, et/ou allergisants (eczéma de contact allergique) comme les substances parfumantes et les agents anti-microbiens, les additifs des gants et les métaux. Il existe ainsi de nombreuses professions à risque : coiffeur, esthéticienne, soignant, professionnel du nettoyage, de la construction et de l’agro-alimentaire. La cause de l’ECM peut aussi être endogène, c’est le cas de l’atopie. Le plus souvent, l’étiologie est multifactorielle rendant la prise en charge complexe.

En quoi consiste le suivi médical des patients ?

Il est essentiel d’identifier les irritants et/ou les allergènes (interrogatoire détaillé, bilan allergologique adapté, etc.) pour pouvoir les supprimer aussi bien au domicile qu’au travail. Le but est de prévenir les récidives. L’éducation thérapeutique doit prendre toute sa place afin que le patient devienne acteur de sa maladie. Il est essentiel de la traiter tôt et efficacement pour éviter le passage à la chronicité. Pour un eczéma léger, un traitement local peut suffire. Mais il existe des formes plus sévères qui nécessitent un traitement systémique.

Vers quoi s’oriente la recherche ?

Des recherches sont en cours, notamment des études transcriptomiques, pour mieux comprendre les causes de l’ECM, les prévenir et les traiter. De nouveaux médicaments innovants par voie topique ou systémique sont d’ailleurs actuellement en développement avec des résultats prometteurs, notamment dans les formes plus sévères.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 décembre 2023.

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