MICI : mettre à disposition les traitements innovants pour changer le destin des malades

Pr David Laharie,gastro-entérologue, CHU de Bordeaux.

Les MICI, ou maladies inflammatoires chroniques intestinales, sont au cœur des préoccupations de santé publique, avec une prévalence croissante qui pourrait atteindre 0,5 % de la population française à horizon 2030. Ainsi, les médecins vont être de plus en plus confrontés à ces pathologies, devenues fréquentes. Leur prise en charge s’appuie sur une recherche très dynamique ces dernières années.

Dans notre pays, l’écosystème bénéficie d’une structure originale et indépendante, le Getaid*, association de type loi 1901, créée en 1983, qui regroupe des gastro-entérologues s’intéressant aux MICI. Le Getaid développe de nombreux projets de recherche clinique de pointe destinés à améliorer la prise en charge thérapeutique des deux maladies principales MICI que sont la rectocolite hémorragique (RCH) et la maladie de Crohn. L’enjeu actuel est d’élaborer des stratégies pour utiliser les nombreux médicaments aujourd’hui disponibles de la meilleure façon possible : en les associant, en les prescrivant dans des situations bien précises et en faisant des pauses thérapeutiques dans certaines conditions… Des recherches sont nécessaires, notamment dans la RCH, jusque-là moins étudiée que la maladie de Crohn. Un sujet d’actualité est l’étude de l’impact de l’incorporation de la télé-médecine et des outils de surveillance à distance des MICI : fait-on mieux en termes de qualité des soins et de satisfaction des patients avec ces nouvelles modalités ? Un autre enjeu de taille est de faciliter l’accès aux traitements innovants.

Malgré l’essor de l’arsenal thérapeutique, il demeure des malades en impasse thérapeutique qui auraient besoin de bénéficier rapidement des derniers traitements prometteurs. Or, le cadre de remboursement français restreint les conditions d’utilisation et l’accès à ces innovations, qui pourraient pourtant permettre à des malades d’éviter un recours à la chirurgie ou à la nutrition artificielle de façon prolongée.

* Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif.

Sandrine Guinot-Mosetti


Article extrait du dossier Grand Angle spécial MICI Hépato-gastro-entérologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 mars 2024.

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