Pour faciliter la décision thérapeutique, la Société française de dermatologie a créé une structure. Entretien avec le Pr Olivier Chosidow, président du Centre de Preuves de la SFD et ancien Chef du service de dermatologie de l’hôpital Henri-Mondor.
De façon générale, dans quel contexte ont lieu les prescriptions de médicaments ?
La décision thérapeutique a lieu dans un contexte de plus en plus complexe. Les nouveaux médicaments sont généralement issus d’un développement industriel et ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour une indication donnée et un marché identifié. La plupart de ces traitements sont évalués contre placebo, plus rarement contre un comparateur pertinent et leurs données de tolérance sont limitées. De leur côté, les médicaments anciens ne bénéficient pas d’actualisation de données liées aux progrès des connaissances. Ils ont souvent été évalués sans comparateurs et enfin leurs données de tolérance se sont enrichies. D’un point de vue pratique, les médicaments les plus anciens peuvent plus facilement être en rupture de stock. Enfin, la littérature médicale est exponentielle et ne peut être lue désormais dans son intégralité. Du côté des patients, les données sont nombreuses, souvent hétérogènes du fait de systèmes de santé différents et d’une incroyable diversité de génotypes et de phénotypes influant sur les réactions aux médicaments (efficacité, tolérance). Cela, ajouté à un manque d’adéquation à la pratique, rendait les recommandations peu lues et peu utilisées.
« De nouvelles recommandations sont au programme 2021… »
Pr Olivier Chosidow
Comment le Centre de Preuves de la Société française de dermatologie a-t-il vu le jour ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) souhaitait travailler avec les professionnels de santé et les sociétés savantes pour créer des recommandations en accord avec les besoins et restaurer la confiance des prescripteurs. Le Centre de Preuves de la Société française de dermatologie (SFD) a été créé en avril 2015. Nous avons mis sur pied une méthodologie combinant analyse de données de preuves de haut niveau et consensus d’experts. Notre souhait était de sortir d’une méthodologie trop conventionnelle et de faciliter l’analyse des données pour aboutir à des arbres décisionnels pratiques et pensés par sous-populations, applicables par le prescripteur en face de son patient. Les premières recommandations émises concernaient l’acné puis la maladie de Verneuil et l’urticaire chronique spontané. De nouvelles recommandations sont au programme 2021 : la gale du petit enfant, l’urticaire au froid, la dermatite atopique et les carcinomes baso-cellulaires. Des recommandations existantes seront également actualisées, comme celles du mélanome et, nous l’espérons, du psoriasis.
Gézabelle Hauray
© Cerman – SFD / DR
Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde