Révolution thérapeutique dans le mélanome

Pr Gaëlle Quéreux Chef du service de dermatologie au CHU de Nantes, Présidente de la Société française de dermatologie.

Avec environ 18 000 nouveaux cas par an en France, le mélanome reste le cancer cutané le plus agressif. Son incidence ne cesse de croître et il est responsable d’environ 2 000 décès par an. Sa dangerosité résulte d’un risque de récidive ganglionnaire et de métastase à distance. Heureusement, la majorité des mélanomes ne récidivent pas, s’ils sont pris en charge précocement, c’est-à-dire s’ils sont dépistés tôt.

Il y a un peu plus d’une dizaine d’années, il n’y avait que la chimiothérapie dans le traitement des mélanomes métastatiques et la médiane de survie était très faible, de l’ordre de six mois. Puis, sont arrivées les immunothérapies et les thérapies ciblées (anti-BRAF  +  anti-MEK) qui ont radicalement changé la donne et ont permis d’augmenter fortement – de plusieurs années – la survie des personnes atteintes de mélanomes métastatiques.

Une deuxième étape a été franchie en 2018, lorsqu’on a pu démontrer que, si l’on traitait par immunothérapie ou thérapie ciblée un mélanome au stade ganglionnaire, on divisait par deux le risque de métastase à distance.

Enfin, plus récemment, en utilisant encore plus tôt l’immunothérapie pour un mélanome cutané localisé à fort risque de récidive (stade II B, II C), c’est-à-dire selon le critère histologique (épaisseur de Breslow), une tumeur comprise entre 2 et 4 mm avec ulcération ou une tumeur supérieure à 4 mm d’épaisseur ulcérée ou non, on a montré que l’on diminuait le risque d’évolution vers une atteinte ganglionnaire et métastatique à distance.

Ainsi, grâce aux avancées considérables de la recherche clinique, on a pu remonter les lignes de traitement en partant du stade le plus grave, métastatique, au stade localisé. Ces progrès réalisés en dermatologie ont été transposés avec succès dans les autres cancers du poumon, du rein, etc.

Les autres cancers cutanés, carcinomes épidermoïdes et basocellulaires, bénéficient aussi aujourd’hui des thérapies innovantes telles que l’immunothérapie et la thérapie ciblée.

La dermatologie connaît actuellement de grandes innovations dans de nombreux domaines en dehors du champ de la cancérologie (psoriasis, dermatite atopique, vitiligo, maladie de Verneuil…), un véritable espoir pour les patients.

Société française de dermatologie : https://www.sfdermato.org/


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 décembre 2023.

© Christophe Peus 17- SFD / DR