Diabète : du bon usage du progrès médical

Pr Jean-François Gautier, président de la Société francophone du Diabète

Les progrès majeurs dans la prise en charge du diabète révolutionnent, ces dernières années, le parcours de soins et la qualité de vie des patients. Pour le diabète de type 1, ce qu’on appelle « la boucle fermée » permet aux patients de mieux gérer le Time in Range, c’est-à-dire le temps passé, dans la journée, dans la cible d’équilibre glycémique, convenu au préalable avec le médecin. Grâce à la pompe connectée, au capteur de glycémie et à l’algorithme, l’insulinothérapie s’automatise, ce qui contribue à alléger la charge mentale du patient. Ces avancées appellent cependant à certains points de vigilance. Avec, d’abord, un paradoxe : la boucle fermée peut potentiellement déresponsabiliser le patient dans le contrôle de sa maladie. Il est donc essentiel de renforcer l’éducation thérapeutique, en vérifiant que le patient comprend le fonctionnement du dispositif, qu’il partage les objectifs fixés avec l’équipe de soins et qu’il reste mobilisé sur une alimentation équilibrée et une activité physique régulière inhérentes au diabète. Deuxième enjeu, la diffusion plus large de ces technologies nécessite d’investir à bon escient, à l’échelle des territoires, pour optimiser les plateformes de télésurveillance et accompagner les patients au plus près de leurs besoins quotidiens. Enfin, la question se pose, aujourd’hui, d’étendre les indications de remboursement pour la boucle fermée à un plus grand nombre de patients.

Pour le diabète de type 2, l’arrivée récente de traitements efficaces pour équilibrer la glycémie, mais également améliorer la prévention des complications cardio-vasculaires et rénales, modifie en profondeur les standards de prise en charge des patients. Désormais, les soignants doivent se concentrer sur la gestion du diabète complexe, en travaillant sur de nouvelles solutions pour mieux dépister et prendre en charge des comorbidités mal traitées aujourd’hui, comme les troubles cognitifs, la cirrhose diabétique ou l’insuffisance cardiaque non coronarienne.

Enfin, je citerai un dernier point d’attention : avec les autorités sanitaires, nous devons lutter contre le mésusage de ces traitements, en particulier lorsqu’ils sont utilisés, hors indication, à des fins de cure d’amaigrissement.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2023.

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