Diabète : « Traiter spécifiquement le risque cardio-vasculaire »

 

De nouveaux traitements permettent de réduire de façon significative le risque de maladies cardio-vasculaires associées à un diabète. Le point avec le Pr Serge Halimi, Université Grenoble Alpes-Médecine.

En cas de diabète, les complications cardio-vasculaires sont souvent évoquées comme l’un des principaux facteurs de risque en termes de mortalité. Qu’en est-il exactement ?

En effet, on sait aujourd’hui de façon certaine que ces complications constituent la première cause de mortalité chez les patients atteints de diabète. Des études récentes montrent que ces patients ont 2,2 fois plus de risque de décéder d’une maladie cardio-vasculaire que la moyenne de la population générale, un taux qui monte même à près de 3 fois chez les femmes diabétiques, lié semble-t-il à un risque de thrombose propre au sexe féminin. L’obésité constitue également un facteur de risque sur le plan cardio-vasculaire. Aujourd’hui, l’espérance de vie chez ces patients reste inférieure à celle des non-diabétiques de sept ans chez les hommes et de dix ans chez les femmes. En ce qui concerne ces complications, le risque d’infarctus devient moins fréquent que celui d’être atteint par un AVC. Et il a également été récemment démontré que le diabète est fortement associé au risque d’insuffisance cardiaque. Ce constat prouve la nécessité de prendre spécifiquement en charge ce risque chez les diabétiques, et ce dès le début de la maladie.

L’obésité constitue également un facteur de risque sur le plan cardio-vasculaire. Aujourd’hui, l’espérance de vie chez ces patients reste inférieure à celle des non-diabétiques de sept ans chez les hommes et de dix ans chez les femmes.

Les patients sont-ils justement bien pris en charge sur ce plan ?

Lorsque la maladie débute, les médecins traitants sont souvent amenés à associer aux médicaments du diabète des produits destinés à réduire l’incidence de pathologies cardio-vasculaires, comme les bêtabloquants, l’aspirine, les statines, les IEC ou les sartans.

Si leur efficacité est démontrée, en revanche la difficulté se pose, pour les patients, en termes d’observance et de dosage, lorsqu’ils sont polymédiqués et doivent respecter un traitement lourd, une source de contraintes au quotidien. Un autre défi consiste à vérifier l’innocuité, sur le plan cardio-vasculaire, des traitements destinés à maîtriser la glycémie. Les générations récentes, comme les inhibiteurs de la DPP4, ont ainsi démontré leur neutralité sur le plan cardio-vasculaire. Cependant ils n’exercent pas d’effet protecteur propre.

Les dernières innovations thérapeutiques sont-elles prometteuses ?

La dernière gamme d’antidiabétiques, appelés inhibiteurs des SGLT2, présente en revanche des résultats très encourageants au plan cardio-vasculaire. Certains d’entre eux réduisent, par exemple, de 35 % le risque de mortalité cardio-vasculaire et de 38 % le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Ils exercent aussi un effet protecteur rénal. Ils offrent, par ailleurs, une balance bénéfice/risque très favorable, peu d’effets secondaires et peuvent être associés à tous les autres traitements antidiabétiques.

Il serait très utile de pouvoir les prescrire, lorsqu’ils seront sur le marché français, en particulier pour améliorer le pronostic de l’insuffisance cardiaque, puisque celui-ci reste sombre à cinq ans.

Pierre Mongis 

Article extrait du dossier Diabète, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 14 novembre 2018