Le myélome multiple, illustration des progrès de l’immunothérapie

Thierry Facon, Président de la Société française d’Hématologie

Depuis ces quinze dernières années, la recherche sur les hémopathies malignes est prolifique et l’immunothérapie a vraiment changé la prise en charge des cancers du sang en particulier et du cancer en général. Le myélome multiple est un bon modèle des progrès indiscutables de l’immunothérapie, mais aussi des nombreuses questions qui persistent ; quantification du bénéfice thérapeutique, dans les essais thérapeutiques et au-delà en vie réelle, capacité à guérir certaines populations de patients, durée fixe ou continue de certains traitements, possibilité de séquencer diverses immunothérapies, mécanismes de résistance, aspects médico-économiques…

Le myélome multiple reste une maladie globalement incurable, mais on dispose aujourd’hui des premiers médicaments d’immunothérapie pour traiter la maladie dès son diagnostic, les anticorps monoclonaux anti-CD38. Leur adjonction à des standards de traitement connus a permis d’allonger significativement la survie des patients, avec un bon profil de tolérance. Les stratégies de cellules CAR-T ne sont qu’au tout début de leur histoire. Déjà prometteuses chez les patients en rechute, leur place dans la stratégie thérapeutique se modifiera à coup sûr. La recherche préempte également le champ des anticorps bispécifiques. Ils établissent un lien entre une cellule immunitaire et la cellule cancéreuse, permettant sa destruction. Entre cinq et dix anticorps bispécifiques sont en développement rapide dans le myélome, considérant différentes cibles tumorales, et ils produisent des résultats très encourageants sur des patients au stade avancé. Sur un plan épidémiologique, le myélome, qui touche des patients âgés de 70 ans en moyenne, est un très bon modèle onco-gériatrique, et il permettra d’étudier l’adaptabilité de ces innovations à des patients âgés et fragiles.

Ainsi, à travers la recherche sur le myélome multiple, peut-on actionner diverses modalités d’immunothérapies, dont certaines font déjà partie du quotidien hospitalier et d’autres sont encore dans le domaine de la recherche, pour espérer, à l’horizon 2025, guérir certains patients atteints de cette maladie et en tirer les enseignements pour d’autres hémopathies malignes.

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Hématologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 12 décembre 2021.

© Davy Rigault – CHU Lille – SFH / DR