Engagé en onco-hématologie, le laboratoire GSK accélère sa recherche dans la lutte contre ce cancer de la moelle osseuse, comme l’explique Sylvette Delée, Directrice médicale Oncologie de GSK France.
Le 66e congrès de l’ASH se tient actuellement à San Diego, en Californie. Quels travaux allez-vous présenter ?
Ce congrès mondial, organisé par la société américaine d’hématologie, est un évènement de référence pour cette spécialité, qui réunit les meilleurs experts mondiaux des maladies du sang. Pour GSK, cette édition est l’occasion de présenter nos dernières avancées thérapeutiques, avec une actualité majeure qui pourrait changer la prise en charge du myélome multiple. Nous allons en effet exposer les résultats très prometteurs d’une nouvelle option thérapeutique, destinée à traiter les patients en première rechute de leur myélome multiple. Les données montrent une amélioration statistiquement significative et cliniquement pertinente de la survie globale, pour les patients ayant bénéficié de ce traitement lors des essais cliniques, en association avec deux autres médicaments et en comparaison à l’un des traitements standards existants.
Quelles sont les caractéristiques de ce traitement ?
Il s’agit d’un anticorps conjugué à une chimiothérapie (ADC); en d’autres termes on utilise une molécule qui va s’ancrer à la surface d’une cellule cancéreuse pour ensuite y délivrer la chimiothérapie in situ, limitant ainsi les dommages collatéraux aux cellules saines. Ce traitement est donné en combinaison à deux autres médicaments de référence. Il apporte de nouveaux espoirs pour les patients en rechute de leur maladie. Les deux essais de phase III qui ont été présentés cette année montrent que la durée de survie, sans que la maladie ne progresse, est trois fois plus longue, comparativement au traitement de référence, et le profil de tolérance reste similaire à ce qui était déjà connu. Une AMM européenne est attendue dans le courant de 2025, et nous espérons que ce traitement sera disponible rapidement pour les patients français.
Que sait-on du myélome multiple, et comment le prend-on en charge ?
Il s’agit d’une hémopathie maligne, appelée également cancer de la moelle osseuse. Le myélome multiple se caractérise par la prolifération excessive d’un type de globules blancs, le plasmocyte (lymphocyte B mature chargé de l’immunité spécifique) devenu anormal et qui colonise la moelle osseuse au détriment des autres cellules sanguines (globules rouges et plaquettes). Environ 5 500 nouveaux patients sont diagnostiqués chaque année en France, avec un âge moyen d’environ 70 ans. C’est une maladie qui a tendance à se chroniciser avec le développement de l’arsenal thérapeutique, qui alterne entre phases de rémission et phases de rechute, et qui se présente avec des symptômes plus ou moins invalidants, allant de la fatigue à des infections répétées, des fractures, voire des complications neurologiques. Grâce aux derniers progrès thérapeutiques, nous parvenons de plus en plus à stabiliser la maladie. Si, aujourd’hui, le myélome multiple demeure encore incurable, nous gardons l’espoir de parvenir à le guérir dans le futur à l’instar d’autres cancers du sang.
Comment accompagner les patients au-delà du traitement ?
Comme pour toute maladie longue et invalidante, la prise en charge du patient exige un accompagnement renforcé. Il est notamment essentiel qu’il soit informé pour bien comprendre sa maladie et connaître les signes d’alerte à surveiller. Nous travaillons actuellement, aux côtés des soignants et des associations de patients, afin de contribuer à la mise en place de différents programmes d’accompagnement.
Outre le myélome multiple, le laboratoire est également impliqué dans la prise en charge d’un autre cancer du sang : la myélofibrose. De quel type de maladie s’agit-il ?
La myélofibrose est, elle aussi, un cancer de la moelle osseuse très rare, touchant environ 500 patients par an en France. Elle se traduit par une accumulation excessive de tissu cicatriciel (la fibrose), dans la moelle osseuse. A mesure que ce tissu se forme, la moelle osseuse n’est plus capable de produire suffisamment de cellules sanguines. Il en résulte pour les patients une diminution des cellules sanguines, entraînant, notamment, une anémie, une chute des plaquettes, des globules blancs et par conséquent une augmentation de volume de la rate. C’est un cancer grave, avec de lourdes conséquences. Nous sommes mobilisés pour apporter une innovation, proposant un nouveau mécanisme d’action, qui vise à agir pour diminuer l’anémie et réduire la taille de la rate.
Antoine Largier
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Hématologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 8 décembre 2024.