Pr Thierry Facon, Chef du service d’Hématologie au CHU Lille, Président de la Société française d’Hématologie (SFH), Membre de l’Académie nationale de médecine.
« Le moment est venu de travailler à une recherche biomédicale plus unifiée, mieux dotée, en décloisonnant les dispositifs de financement, en raccourcissant encore les délais et en pariant sur la responsabilité des acteurs. » C’est en ces termes que le président de la République traçait la perspective pour une recherche biomédicale plus unifiée et plus efficace lors du discours prononcé à Saint-Cloud le 16 mai 2023. L’ambition est aussi de faire de la France « le pays leader en Europe sur les essais cliniques ». Ces annonces ont été à juste titre saluées, tous les mots en sont importants. La déclinaison sur le terrain est très attendue, au service des patients, et en soutien de celles et ceux qui « font » cette recherche au quotidien.
La recherche clinique en cancérologie reste le point fort de notre pays, même si l’Europe, où nous gardons la deuxième place, recule face aux Etats-Unis et à l’Asie. La recherche française dans le domaine des maladies hématologiques malignes est dynamique, bien organisée et de haut niveau. Les freins à notre recherche sont connus, parmi lesquels on peut citer un financement non unifié et des délais d’autorisation de recherche souvent longs. Il faut y ajouter les maux de notre hôpital public, notamment le manque de soignants et la perte d’attractivité des carrières hospitalo-universitaires. Des évolutions de la recherche se font jour et d’autres sont à venir ; essais cliniques décentralisés, digitalisés, importance des données en vie réelle, biomarqueurs et bras d’essai virtuels. Une nouvelle réglementation européenne se met en place. La France se doit d’être au rendez-vous de ces évolutions.
Il reste que ces évolutions ne remplaceront pas l’humain. Recherche clinique et soin sont très intimement liés. La sécurité à apporter, en termes de ressources humaines, aux services d’hématologie, presque exclusivement à l’hôpital public et qui ont une place majeure dans la recherche thérapeutique en cancérologie, est une priorité. Elle sert à la fois la sécurité des soins, l’accès rapide aux nouveaux traitements et l’attractivité de la France en matière de recherche clinique.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Hématologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 10 décembre 2023.
© Davy Rigault-CHU Lille-SFH / DR
