L’immunothérapie en hépatologie

L’avis du Pr Julien Edeline, médecin oncologue au Centre Eugène Marquis, à Rennes.

Les cancers hépato-biliaires se situent dans le foie ou dans les voies biliaires qui évacuent la bile du foie vers l’intestin. Moins fréquents que ceux qui touchent sein, prostate, poumon ou côlon, ils progressent nettement dans les pays occidentaux. Cette augmentation est en bonne partie liée à nos modes de vie, qui agressent le foie : consommation excessive d’alcool et surpoids. Plus précisément, le cancer est favorisé par l’inflammation permanente dans le foie générée par l’accumulation de graisse et la cirrhose alcoolique. Il n’y a actuellement pas de dépistage organisé des maladies hépatiques. De plus, ces cancers évoluent de manière insidieuse et ne sont souvent découverts qu’à des stades avancés, avec des pronostics plutôt mauvais.

L’arrivée récente de l’immunothérapie a totalement changé la façon d’appréhender ces tumeurs ! Dans le cancer des voies biliaires, l’essai de phase III TOPAZ-1, associant immunothérapie et chimiothérapie, montre une diminution de la tumeur, un ralentissement de sa progression et une amélioration du temps de survie à long terme, sans toxicité augmentée par rapport à la chimiothérapie. Dans le carcinome hépato-cellulaire, après validation d’une première immunothérapie, l’étude de phase III Himalaya, associant deux immunothérapies, donne également des résultats positifs en termes d’efficacité, avec une très bonne tolérance en termes de saignements, ce qui est crucial pour les patients cirrhotiques qui ont des varices œsophagiennes qui peuvent saigner. L’immunothérapie est aujourd’hui le traitement de première intention dans le cancer du foie avancé. L’avenir est de la tester sur des cancers de phase plus précoce, afin d’espérer une guérison des malades.

Propos recueillis par Sandrine Guinot-Mosetti


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Hépatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 octobre 2022.

Photo : © DR