Pollution : le lien entre particules fines et cancer du poumon se précise

De nouveaux résultats de l’étude française KBP-2020, menée par le Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux, confirment que les cancers bronchiques chez des non-fumeurs, porteurs de mutations EGFR sont plus fréquents dans les zones polluées. Explications du Pr Alexis Cortot, pneumologue au CHU de Lille.

Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France avec environ 50 000 nouveaux cas chaque année et près de 35 000 décès par an. Le principal facteur de risque est le tabac (dans 85 % des cas). « Les autres facteurs de risque sont les expositions professionnelles (amiante), le tabagisme passif et la pollution. L’impact de la pollution sur la survenue de cancer du poumon a déjà été bien démontré sur le plan épidémiologique dans de nombreuses études  », déclare le Pr Alexis Cortot. Ces études ont conduit le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à classer les particules fines PM 2,5 comme carcinogènes de groupe  1. Les travaux de chercheurs anglais ont récemment apporté des éléments nouveaux qui montrent, pour la première fois, l’explication biologique (implication de l’inflammation) et le rôle direct des particules fines PM 2,5 dans la survenue de cancers du poumon, mutés EGFR chez des patients non fumeurs (environ 10 % des patients en France).

Un risque augmenté de 50 %

L’étude française a porté sur une cohorte de 5 700 patients atteints de cancer du poumon, pour lesquels on a pu évaluer l’exposition aux polluants de l’environnement (PM 2,5, PM 10, ozone, dioxyde d’azote, radon) selon leur lieu de résidence. De plus, outre la mutation EGFR, d’autres mutations (KRAS, ALK, ROS…) ont été étudiées. « Les résultats montrent qu’il existe bien un lien entre l’exposition aux particules fines PM 2,5 et la survenue de cancer pulmonaire EGFR muté. Les patients résidant dans des zones polluées ont 50 % de risque supplémentaire d’avoir un cancer du poumon avec ce type de mutation, souligne le Pr Alexis Cortot. S’il est important, ce risque est toutefois inférieur à celui du tabagisme actif qui est de 10 à 20 fois plus élevé, selon le niveau de tabagisme. » Ce risque est également observé pour les PM  10 et le dioxyde d’azote. En revanche, aucune relation n’a été établie entre les polluants et les autres types de mutation. Ces résultats doivent inciter à poursuivre les efforts de lutte contre la pollution environnementale et faire réfléchir à des stratégies préventives auprès de populations fortement exposées.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies respiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 27 janvier 2024.

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